P.S. Eliot
2007 - 2011 |
Label :
Don Giovanni |
||||
(L'auteur de cette chronique est un chieur qui ne veut pas noter la musique. Par défaut, il met 20/20 partout et cette note n'engage que ceux qui veulent la prendre au sérieux)
Birmingham, Alabama. Patelin très peu rock'n'roll rendu immortel grâce à un couplet de Lynyrd Skynyrd qui évoque le regrettable gouverneur Wallace en termes équivoques [1]. Patelin qu'on souhaiterait voir plus connu pour les jumelles qui y ont grandi. Car à l'instar de Dayton, Ohio, qui a la joie et l'impérissable honneur d'être la ville des sœurs Deal, Birmingham peut se targuer de compter parmi ses illustres ressortissant(e)s les frangines Allison et Katie Crutchfield. En toute logique, le membre lambda de Xsilence un tant soit peu familier avec le catalogue de Don Giovanni et Merge Records a déjà entendu parler de ce nom de famille, la première ayant fondé Swearin', la deuxième ayant adopté en solo le nom de scène de Waxahatchee [2].
Et ben figurez-vous que ces frangines ont joué ensemble entre 2007 et 2011 sous le nom peu fantasque de P.S. Eliot [3]. Et figurez-vous que l'intégralité des enregistrements qu'elles ont commis pendant ce laps de temps a été réuni sur un double CD par les oufs de Don Giovanni [4]. Double CD logiquement intitulé 2007-2011. Soit, dans l'ordre, sur le premier CD, les deux premiers LPs que sont Introverted Romance In Our Troubled Minds (2009) et Sadie (2011). Et sur le deuxième, l'EP 7" Living In Squalor (2010), le CD-R The Bike Wrech Demo (2008) puis, pour finir, un vrac de démos maison.
Sous cette incarnation, le projet Crutchfield se veut plus punk que précédemment (The Ackleys, leur groupe ado, était plutôt power-pop) mais punk, c'est un bien grand mot. Dans ce contexte, ce n'est pas tant la lettre que l'esprit. A savoir une volonté très affirmée de tourner le dos à la scène de Birmingham dans laquelle elles ne se reconnaissaient pas et, surtout, de tourner à l'arrache partout où des gens plus ouverts voudraient bien d'elles. Car il semblerait qu'à ce stade, elles avaient fait le tour de leur terroir DIY natal (notamment le lieu de concerts autogéré Cave 9 qui leur avait permis de se produire plein de fois tout en rencontrant plein de groupes). Et qu'elles étaient un peu gavées par le tout venant de groupes hardcore macho qui les entourait. Cette envie de s'extirper de leur milieu se traduit sans doute quelque part dans les paroles mais je n'y ai pas forcément prêté attention [5], emballé que j'étais par la musique.
Car Katie, à la gratte et au chant, et Allison, à la batterie, (ainsi que leur comparses à géométrie variable à la basse et à la deuxième guitare) arrivent à donner une épine dorsale mélodique à leurs morceaux qui est assez immédiate. Si c'est de punk qu'il s'agit, on aurait envie de dire pop punk si ça ne nous égarait pas vers des planches à roulettes californiennes. Les harmonies vocales breederesques sont un peu partout, autant dire que c'est irrésistible. Mais il y a une sobriété dans ces compos à l'os qui nous rapproche probablement plus des groupes riot grrrls que des Deal sisters. Ce minimalisme se reflète aussi dans la production : à part un harmonica sur "Incoherent Love Songs" et un wurlitzer sur l'inaugurale "Tennessee", je suis pas sûr d'avoir entendu beaucoup de fantaisies. Quand on a ce niveau de songwriting et de mélodies à proposer, à quoi bon après tout ?
A l'écoute d'une chanson comme "Pink sheets", dont la patate ternaire doit probablement autant à "My Name is Jonas" de Weezer qu'au folklore irlandais, on ne peut que regretter que leurs albums soient initialement sortis sur Salinas Records, excellent label qui n'a jamais été convenablement distribué [6]. Car les différentes sorties regroupées dans cette compilation auraient mérité une meilleure réception, une longévité plus grande ou des tournées européennes. Espérons que ce double CD puisse à l'avenir servir de point de départ pour une reformation surprise. C'est peu probable mais, vu d'ici, où pas grand monde n'a eu la chance de les voir en concert, ce serait sans doute le plus beau des post-scriptum.
Birmingham, Alabama. Patelin très peu rock'n'roll rendu immortel grâce à un couplet de Lynyrd Skynyrd qui évoque le regrettable gouverneur Wallace en termes équivoques [1]. Patelin qu'on souhaiterait voir plus connu pour les jumelles qui y ont grandi. Car à l'instar de Dayton, Ohio, qui a la joie et l'impérissable honneur d'être la ville des sœurs Deal, Birmingham peut se targuer de compter parmi ses illustres ressortissant(e)s les frangines Allison et Katie Crutchfield. En toute logique, le membre lambda de Xsilence un tant soit peu familier avec le catalogue de Don Giovanni et Merge Records a déjà entendu parler de ce nom de famille, la première ayant fondé Swearin', la deuxième ayant adopté en solo le nom de scène de Waxahatchee [2].
Et ben figurez-vous que ces frangines ont joué ensemble entre 2007 et 2011 sous le nom peu fantasque de P.S. Eliot [3]. Et figurez-vous que l'intégralité des enregistrements qu'elles ont commis pendant ce laps de temps a été réuni sur un double CD par les oufs de Don Giovanni [4]. Double CD logiquement intitulé 2007-2011. Soit, dans l'ordre, sur le premier CD, les deux premiers LPs que sont Introverted Romance In Our Troubled Minds (2009) et Sadie (2011). Et sur le deuxième, l'EP 7" Living In Squalor (2010), le CD-R The Bike Wrech Demo (2008) puis, pour finir, un vrac de démos maison.
Sous cette incarnation, le projet Crutchfield se veut plus punk que précédemment (The Ackleys, leur groupe ado, était plutôt power-pop) mais punk, c'est un bien grand mot. Dans ce contexte, ce n'est pas tant la lettre que l'esprit. A savoir une volonté très affirmée de tourner le dos à la scène de Birmingham dans laquelle elles ne se reconnaissaient pas et, surtout, de tourner à l'arrache partout où des gens plus ouverts voudraient bien d'elles. Car il semblerait qu'à ce stade, elles avaient fait le tour de leur terroir DIY natal (notamment le lieu de concerts autogéré Cave 9 qui leur avait permis de se produire plein de fois tout en rencontrant plein de groupes). Et qu'elles étaient un peu gavées par le tout venant de groupes hardcore macho qui les entourait. Cette envie de s'extirper de leur milieu se traduit sans doute quelque part dans les paroles mais je n'y ai pas forcément prêté attention [5], emballé que j'étais par la musique.
Car Katie, à la gratte et au chant, et Allison, à la batterie, (ainsi que leur comparses à géométrie variable à la basse et à la deuxième guitare) arrivent à donner une épine dorsale mélodique à leurs morceaux qui est assez immédiate. Si c'est de punk qu'il s'agit, on aurait envie de dire pop punk si ça ne nous égarait pas vers des planches à roulettes californiennes. Les harmonies vocales breederesques sont un peu partout, autant dire que c'est irrésistible. Mais il y a une sobriété dans ces compos à l'os qui nous rapproche probablement plus des groupes riot grrrls que des Deal sisters. Ce minimalisme se reflète aussi dans la production : à part un harmonica sur "Incoherent Love Songs" et un wurlitzer sur l'inaugurale "Tennessee", je suis pas sûr d'avoir entendu beaucoup de fantaisies. Quand on a ce niveau de songwriting et de mélodies à proposer, à quoi bon après tout ?
A l'écoute d'une chanson comme "Pink sheets", dont la patate ternaire doit probablement autant à "My Name is Jonas" de Weezer qu'au folklore irlandais, on ne peut que regretter que leurs albums soient initialement sortis sur Salinas Records, excellent label qui n'a jamais été convenablement distribué [6]. Car les différentes sorties regroupées dans cette compilation auraient mérité une meilleure réception, une longévité plus grande ou des tournées européennes. Espérons que ce double CD puisse à l'avenir servir de point de départ pour une reformation surprise. C'est peu probable mais, vu d'ici, où pas grand monde n'a eu la chance de les voir en concert, ce serait sans doute le plus beau des post-scriptum.
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Santiagoo |
Ecoutable sur https://dongiovannirecords.bandcamp.com/album/2007-2011
[1] A priori, vu la teneur des premiers couplets et la propension du groupe à arborer le drapeau sudiste, on aurait pu s'imaginer qu'ils le défendaient mais eux prétendaient que non (info tirée de "Lynyrd Skynyrd: An Oral History" de Lee Ballinger). Pour une version aux paroles explicitement anti-racistes, je vous renvoie vers "Cartes Postales d'Alabama" de Johnny avec son refrain "Sueurs froides d'Alabama / Pouvoir blanc et croix brûlées" (ah ben faut choisir hein, les beaux sentiments ou la musique...)
[2] Respectivement https://swearin.bandcamp.com et https://waxahatchee.bandcamp.com
Pour les complétistes curieux, cet excellent article de DIY Mag regorge de liens vers les différents projets des Krutchfield (groupes et projets solos avant, pendant et après P.S. Eliot) : https://diymag.com/features/a-brief-history-of...waxahatchee
[3] Notez le jeu de mots tristement littéraire là où un groupe français d'aujourd'hui aurait superbement opté pour un "Quand yen a marre alabamars", "Bière Mingham" ou autre "Jumelles Roseplace"
[4] A ce double CD bien gourmand de 50 titres a été ajouté un fanzine biographique de 75 pages, fait par Liz Pelly, retraçant l'historique du groupe en mode "oral history" avec des contributions multiples (les membres du groupe, des programmateurs de salle, des potos et potas dont Marissa-des-Screaming-Females, etc.). Fanzine dont sont tirées la plupart des infos que vous partage votre immonde serviteur
[5] Allez, ya bien quelques punchlines archi mélodiques qui restent en tête et pouvant aller dans ce sens, dans le genre "I've got a westcoast heart and an east-coast mentality", "I've got a racing mind and enough gas to get to tennessee"
[6] Label de Detroit que vous connaissez déjà peut-être si vous êtes tombés sur Bonny Doon ou Radiator Hospital par exemple
[1] A priori, vu la teneur des premiers couplets et la propension du groupe à arborer le drapeau sudiste, on aurait pu s'imaginer qu'ils le défendaient mais eux prétendaient que non (info tirée de "Lynyrd Skynyrd: An Oral History" de Lee Ballinger). Pour une version aux paroles explicitement anti-racistes, je vous renvoie vers "Cartes Postales d'Alabama" de Johnny avec son refrain "Sueurs froides d'Alabama / Pouvoir blanc et croix brûlées" (ah ben faut choisir hein, les beaux sentiments ou la musique...)
[2] Respectivement https://swearin.bandcamp.com et https://waxahatchee.bandcamp.com
Pour les complétistes curieux, cet excellent article de DIY Mag regorge de liens vers les différents projets des Krutchfield (groupes et projets solos avant, pendant et après P.S. Eliot) : https://diymag.com/features/a-brief-history-of...waxahatchee
[3] Notez le jeu de mots tristement littéraire là où un groupe français d'aujourd'hui aurait superbement opté pour un "Quand yen a marre alabamars", "Bière Mingham" ou autre "Jumelles Roseplace"
[4] A ce double CD bien gourmand de 50 titres a été ajouté un fanzine biographique de 75 pages, fait par Liz Pelly, retraçant l'historique du groupe en mode "oral history" avec des contributions multiples (les membres du groupe, des programmateurs de salle, des potos et potas dont Marissa-des-Screaming-Females, etc.). Fanzine dont sont tirées la plupart des infos que vous partage votre immonde serviteur
[5] Allez, ya bien quelques punchlines archi mélodiques qui restent en tête et pouvant aller dans ce sens, dans le genre "I've got a westcoast heart and an east-coast mentality", "I've got a racing mind and enough gas to get to tennessee"
[6] Label de Detroit que vous connaissez déjà peut-être si vous êtes tombés sur Bonny Doon ou Radiator Hospital par exemple
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