Marquis
Aurora |
Label :
LADTK |
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2017...
Les fans de Marquis de Sade s'extasient, et ils ont bien raison : le groupe qui s'était séparé de manière pour le moins abrupte en 1981 se reforme pour une date unique en septembre de cette année là. La hache de guerre musicale est enterrée pour de bon entre Philippe Pascal, chanteur qui était parti fonder plusieurs autres groupes après l'aventure Marquis, et Frank Darcel, qui a poursuivi ses pérégrinations new wave avec les autres membres du Marquis de Sade dans Octobre avant d'aller produire Etienne Daho puis fonder une poignée de groupes. Les deux autres membres du noyau, à savoir Eric Morinière (batterie) et Thierry Alexandre (basse) continuent un temps de faire de la musique avant de passer à autre chose.
En 2017, ces quatre bretons se retrouvent et leur concert fait fureur. Tellement qu'ils sont surpris par la demande et se voient programmer d'autres dates, une petite dizaine entre le printemps 2018 et le printemps 2019. Suite au succès de ce retour scénique, la prochaine étape est de produire un nouvel album, processus qui débute au début de l'année 2019. Mais quelques mois plus tard, en septembre, Philippe Pascal quitte ce monde de manière aussi abrupte qu'il avait quitté son groupe matrice au début des années 80. Privés de chanteur, les trois autres Marquis sont un peu pris de court, et on les comprends...
Finalement, c'est dans le courant de l'année 2020 que Frank, Thierry et Eric annoncent leur intention de continuer. Ils laissent tomber le Sade, mais gardent quand même leur titre de noblesse rock : ils seront simplement les Marquis. Alors qu'on aurait pu s'attendre à ce que cette entreprise de retour studio reste lettre morte, les bretons nous surprennent par leur force. Pour rendre hommage à Philippe, ils décident d'écarter les deux titres enregistrés en sa compagnie juste avant son décès pour les sortir sur une intégrale du groupe Marquis de Sade prévue depuis fort bien longtemps. Pour chanter sur les autres morceaux déjà composés, le trio fait appel à Simon Mahieu, jeune chanteur belge, mais également à quelques invités, dont Dirk Polak, Dominic Sonic ou encore Etienne Daho. Et question invités, les Marquis n'y vont pas de main morte puisqu'ils font appel à quelques grands noms de la scène du New York City de la fin des années 70 : Richard Lloyd de Television, Ivan Julian, le guitariste de Richard Hell & The Voivoids ou encore James Chance, le sax maniac des Contortions. On retrouve également Daniel Paboeuf, leur saxo qui les accompagnait déjà dans les années 79-81...
Tout ce beau monde se retrouve et compose donc Aurora, un album 13 titres aux ambiances assez marquées. Si, forcément, l'âge aidant certainement, les tempos sont moins marqués que sur Danzig Twist ou Rue de Siam, le fan du Marquis de Sade première mouture retrouvera assez facilement ses marques : guitares qui carillonnent , rythmiques précises et métronomiques, basse ronde qui conduit les chansons de bout en bout. Les ajouts (rares) de synthés par nappes et les interventions de cuivres rappellent également bien qu'on est en présence d'un groupe qui provient du punk : pas de surproduction ici, d'effets et/ou d'overdubs à gogo. Et pour rassurer tous ceux qui ont le synthé en horreur : ce n'est pas parce qu'on a souvent assimilé la musique de Marquis de Sade à de la new wave qu'ils iront coller du synthé par millier sur tous leurs titres. En fait, on est assez proche du son Television justement, avec des titres courts qui vont droit au but.
L'album démarre à toute berzingue sur l'enchaînement de singles "More Fun Before War"/"European Psycho". Dès les premiers battements d'Eric sur ses fûts, pas de doute, le Marquis est de retour. Le chant de Simon est juste, sa voix claire apporte pile ce qu'il faut à la musique. Les riffs de guitare lourds sur "European Psycho" évoque le meilleur de la scène "no wave" tout en restant très contemporain. Le titre suivant, "Holomodor", est chanté en français par Christian Dargelos, le chanteur du groupe Les Nus, un autre groupe culte de Rennes. Là encore, par sa rythmique, son emphase sur la ligne de basse et les lignes de guitares atonales, impossible de ne pas penser aux Contortions. Ne manque plus qu'un saxophone fou... "Je n'écrirais plus si souvent" est un hommage chanté par Daho à Philippe Pascal. Le tempo plus lent et les sonorités plus lyriques font de ce titre une petite respiration avant "Um Immer Jung Zu Bleiben" qui repart à pleine balle sur l'autobahn du punk new yorkais, chant en anglais et en allemand à l'appui. "A Cidade Escondida" revient sur les années espagnoles de Frank Darcel, qui prends à son tour le micro, accompagné d'une discrète boite à rythme. C'est avec "Brand New World" qu'on retrouve clairement le son Dantzig Twist : rythmique en break, ligne de basse typique, claviers à la Bashung et saxophone qui intervient par intermittences funky. Plus lentes, la balade "Soulève l'Horizon" et l'entêtante "Océan" marquent une petite pause avant le retour aux grosses guitares de "Flags Of Utopia". "Glorie" revient là encore un instant en 1979, "Zagreb", plus hypnotique avec son piano aurait presque pu terminer l'album, avant que l'instrumental "Le Voyage d'Andrea" ne le conclue pour de bon, emmenant l'auditeur sur des horizons nuageux (par les sonorités) mais prometteurs (par la résurrection inespérée du groupe).
Aurora est un album assez homogène sur le fond et la forme, gardant donc à la fois les marques de fabriques du Marquis de Sade en l'adaptant au XXIème siècle : plus lent, plus posé, plus réfléchi mais toujours aussi punk, dans le sens ou c'est un groupe qui a toujours refusé les conventions. Preuve en est, et contre toute attente, ce disque que je chronique en ce moment ! Qui aurait pu penser il y a dix ans que la bande de Frank Darcel, Thierry Alexandre et Eric Morinière était capable d'une telle aventure ?
De mon côté, je n'attendais rien de spécial de ce nouveau disque, mais j'avoue être globalement surpris par cet agréable retour. Je m'en voudrais toujours de ne pas avoir pu voir Marquis de Sade lors de son retour scénique ces dernières années, mais j'aurais au moins la chance de voir le Marquis nouveau ces temps prochain, au bon vouloir de la crise sanitaire... Quoiqu'il arrive, et qu'on se le dise bien : l'âge n'entache en rien l'art et la créativité. Si il aura fallu attendre quarante ans pour la sortie d'un album de cet envergure de la part d'un groupe qu'on croyait mort et enterré, alors, tout est encore possible...
Les fans de Marquis de Sade s'extasient, et ils ont bien raison : le groupe qui s'était séparé de manière pour le moins abrupte en 1981 se reforme pour une date unique en septembre de cette année là. La hache de guerre musicale est enterrée pour de bon entre Philippe Pascal, chanteur qui était parti fonder plusieurs autres groupes après l'aventure Marquis, et Frank Darcel, qui a poursuivi ses pérégrinations new wave avec les autres membres du Marquis de Sade dans Octobre avant d'aller produire Etienne Daho puis fonder une poignée de groupes. Les deux autres membres du noyau, à savoir Eric Morinière (batterie) et Thierry Alexandre (basse) continuent un temps de faire de la musique avant de passer à autre chose.
En 2017, ces quatre bretons se retrouvent et leur concert fait fureur. Tellement qu'ils sont surpris par la demande et se voient programmer d'autres dates, une petite dizaine entre le printemps 2018 et le printemps 2019. Suite au succès de ce retour scénique, la prochaine étape est de produire un nouvel album, processus qui débute au début de l'année 2019. Mais quelques mois plus tard, en septembre, Philippe Pascal quitte ce monde de manière aussi abrupte qu'il avait quitté son groupe matrice au début des années 80. Privés de chanteur, les trois autres Marquis sont un peu pris de court, et on les comprends...
Finalement, c'est dans le courant de l'année 2020 que Frank, Thierry et Eric annoncent leur intention de continuer. Ils laissent tomber le Sade, mais gardent quand même leur titre de noblesse rock : ils seront simplement les Marquis. Alors qu'on aurait pu s'attendre à ce que cette entreprise de retour studio reste lettre morte, les bretons nous surprennent par leur force. Pour rendre hommage à Philippe, ils décident d'écarter les deux titres enregistrés en sa compagnie juste avant son décès pour les sortir sur une intégrale du groupe Marquis de Sade prévue depuis fort bien longtemps. Pour chanter sur les autres morceaux déjà composés, le trio fait appel à Simon Mahieu, jeune chanteur belge, mais également à quelques invités, dont Dirk Polak, Dominic Sonic ou encore Etienne Daho. Et question invités, les Marquis n'y vont pas de main morte puisqu'ils font appel à quelques grands noms de la scène du New York City de la fin des années 70 : Richard Lloyd de Television, Ivan Julian, le guitariste de Richard Hell & The Voivoids ou encore James Chance, le sax maniac des Contortions. On retrouve également Daniel Paboeuf, leur saxo qui les accompagnait déjà dans les années 79-81...
Tout ce beau monde se retrouve et compose donc Aurora, un album 13 titres aux ambiances assez marquées. Si, forcément, l'âge aidant certainement, les tempos sont moins marqués que sur Danzig Twist ou Rue de Siam, le fan du Marquis de Sade première mouture retrouvera assez facilement ses marques : guitares qui carillonnent , rythmiques précises et métronomiques, basse ronde qui conduit les chansons de bout en bout. Les ajouts (rares) de synthés par nappes et les interventions de cuivres rappellent également bien qu'on est en présence d'un groupe qui provient du punk : pas de surproduction ici, d'effets et/ou d'overdubs à gogo. Et pour rassurer tous ceux qui ont le synthé en horreur : ce n'est pas parce qu'on a souvent assimilé la musique de Marquis de Sade à de la new wave qu'ils iront coller du synthé par millier sur tous leurs titres. En fait, on est assez proche du son Television justement, avec des titres courts qui vont droit au but.
L'album démarre à toute berzingue sur l'enchaînement de singles "More Fun Before War"/"European Psycho". Dès les premiers battements d'Eric sur ses fûts, pas de doute, le Marquis est de retour. Le chant de Simon est juste, sa voix claire apporte pile ce qu'il faut à la musique. Les riffs de guitare lourds sur "European Psycho" évoque le meilleur de la scène "no wave" tout en restant très contemporain. Le titre suivant, "Holomodor", est chanté en français par Christian Dargelos, le chanteur du groupe Les Nus, un autre groupe culte de Rennes. Là encore, par sa rythmique, son emphase sur la ligne de basse et les lignes de guitares atonales, impossible de ne pas penser aux Contortions. Ne manque plus qu'un saxophone fou... "Je n'écrirais plus si souvent" est un hommage chanté par Daho à Philippe Pascal. Le tempo plus lent et les sonorités plus lyriques font de ce titre une petite respiration avant "Um Immer Jung Zu Bleiben" qui repart à pleine balle sur l'autobahn du punk new yorkais, chant en anglais et en allemand à l'appui. "A Cidade Escondida" revient sur les années espagnoles de Frank Darcel, qui prends à son tour le micro, accompagné d'une discrète boite à rythme. C'est avec "Brand New World" qu'on retrouve clairement le son Dantzig Twist : rythmique en break, ligne de basse typique, claviers à la Bashung et saxophone qui intervient par intermittences funky. Plus lentes, la balade "Soulève l'Horizon" et l'entêtante "Océan" marquent une petite pause avant le retour aux grosses guitares de "Flags Of Utopia". "Glorie" revient là encore un instant en 1979, "Zagreb", plus hypnotique avec son piano aurait presque pu terminer l'album, avant que l'instrumental "Le Voyage d'Andrea" ne le conclue pour de bon, emmenant l'auditeur sur des horizons nuageux (par les sonorités) mais prometteurs (par la résurrection inespérée du groupe).
Aurora est un album assez homogène sur le fond et la forme, gardant donc à la fois les marques de fabriques du Marquis de Sade en l'adaptant au XXIème siècle : plus lent, plus posé, plus réfléchi mais toujours aussi punk, dans le sens ou c'est un groupe qui a toujours refusé les conventions. Preuve en est, et contre toute attente, ce disque que je chronique en ce moment ! Qui aurait pu penser il y a dix ans que la bande de Frank Darcel, Thierry Alexandre et Eric Morinière était capable d'une telle aventure ?
De mon côté, je n'attendais rien de spécial de ce nouveau disque, mais j'avoue être globalement surpris par cet agréable retour. Je m'en voudrais toujours de ne pas avoir pu voir Marquis de Sade lors de son retour scénique ces dernières années, mais j'aurais au moins la chance de voir le Marquis nouveau ces temps prochain, au bon vouloir de la crise sanitaire... Quoiqu'il arrive, et qu'on se le dise bien : l'âge n'entache en rien l'art et la créativité. Si il aura fallu attendre quarante ans pour la sortie d'un album de cet envergure de la part d'un groupe qu'on croyait mort et enterré, alors, tout est encore possible...
Très bon 16/20 | par EmixaM |
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