Psychedelic Porn Crumpets

Australie, terre de miracles. Depuis Tame Impala en 2010, et un peu plus tard, King Gizzard, le rock psychédélique y trouve ses nouvelles lettres de noblesse. Comme si l'esprit de San Francisco avait traversé l'océan Pacifique, puis l'intégralité du grand désert rouge qu'est ce pays, pour venir tâter du didgeridoo. Car nos amis ici présents sont originaires de Perth, sur la côte Ouest, une ville musicalement très active (Tame Impala donc, mais aussi Pond ou Tropical Fuck Storm). Ce premier album, dense et coloré, assoit un son déjà bien travaillé. Les guitares sont gueulardes, la basse est volumineuse, la grosse caisse martèle tel un kick techno : ça sonne épais.

Amoureux des riffs insensés, bonjour. Psychedelic Porn Crumpets s'amuse avec nos nerfs en composant des mélodies aux rythmes improbables, mais dans un esprit catchy qui retient savamment l'oreille. Les effets appliqués au son singent parfois ostensiblement les influences sus-citées ("..And The Addled Abstraction Of Being" ou "High Visceral" auraient pu se retrouver sans peine sur Innerspeaker), jusque dans la voix éthérée. Allez, on pardonne. Car le voyage proposé dépasse largement l'exercice de style. Si l'album demande plusieurs écoutes pour s'y plonger intégralement (et s'habituer à la production parfois lourdingue), on retient quand même un morceau de bravoure qui supporte l'ensemble à lui tout seul : "Found God In A Tomato", longue pièce en deux parties. D'une douceur psych qui, paisiblement, se met en marche, on vire à l'urgence punk, portée par un refrain fédérateur.

Et c'est un bon résumé : à la fois doucereux et agressif, High Visceral {Part One} s'équilibre entre plusieurs ambiances d'un rock acide moderne typiquement australien. Et ce n'est que le début !