Julien Ledru
White Oak Blues |
Label :
Autoproduit |
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Ça fait quelque temps que je n'avais plus parlé de guitare acoustique solo et plus précisément de ce qu'on appelle dans le jargon l'american primitive guitar. La rédaction de mon intégrale John Fahey, Robbie Basho ou autres Jack Rose est en hiatus à durée indéterminée. Peut-être qu'il me fallait simplement regarder ailleurs. Mes tympans avides ont eu beau se déporter assez largement de l'Amérique originelle pour s'en aller trouver des artistes capables au Brésil, en République Tchèque, en Israël, en Italie, en Allemagne, en Grande Bretagne, en Hollande, au Portugal, en Finlande, en Norvège, au Japon... je tiens le compte oui, c'est un peu vain de ma part, mais malgré tout ça je n'étais jamais allé tourner mon regarder vers ma mère patrie. Voyageant par l'entremise du bouche à oreille, Julien Ledru m'est apparu et je sais maintenant que ce genre si cher à mon cœur continue à vivre en France.
Il serait malavisé cependant de réduire Ledru à une curiosité locale, un novelty act comme on dit outre-Atlantique, du type : "oh regardez ce grignoteur de grenouille qui bat la mesure avec son pouce, est-ce qu'il sait faire du monocycle aussi ?". L'homme ne semble pas intéressé par ce genre de considération, sa passion à lui c'est le blues, celui de Skip James, de Mississippi John Hurt et d'Elizabeth Cotten, un blues simple et régulier comme une petite locomotive, qui n'hésite pas à s'hybrider avec divers éléments d'un paysage culturel et musical hétéroclite... dès lors on devra bien sûr citer el Fahey grande, mais aussi Glenn Jones (avec Julien ils partagent le goût des animaux en couverture) et d'autres.
White Oak Blues est déjà le second album de Ledru, qui a sorti le précédent l'année dernière seulement - à l'image de la locomotive sus-citée, notre guitariste ici présent fera-t-il tchou-tchou une fois l'an ? Je ne songerai pas à m'en plaindre, le style de Julien est de ceux qui apaisent l'âme. Et Dieu sait comme on a besoin de ça en ce moment et dans les temps qui vont suivre. Sur White Oak Blues comme sur Along the Road I Had Traveled, les mélodies sont sculptées avec précision et clarté, sans autre espèce d'artifice. Peut-être par choix de réduire sa musique à l'essentiel, peut-être simplement parce que sa technique le limite, le résultat est le même. Un filet mélodique lumineux et paisible, propre à laisser l'esprit vagabonder.
Il ne s'agit pas non plus de dire que la musique de Ledru n'a pas de part sombre, loin de là, rien que les premières secondes du premier morceau(-titre) l'indiquent, mélodie sinueuse, atmosphère à la fois inquiétante et chagrine. D'autres en revanche ont tout de la caresse d'une plume, comme "The Weight of the Nerves" et son overdub d'arpèges angéliques. White Oak Blues comporte nombre d'ambiances aussi variées que peut le permettre l'usage quasi-exclusif d'une guitare acoustique (c'est à dire, si vous avez bien suivi, une infinité de possibilités), ainsi que quelques touches qui s'écartent un peu de l'écrin habituel - deux pistes au banjo, une première pour Ledru, ainsi qu'une brève et touchante virée drone sur la fin de "Daniel Variations", en hommage à Daniel Johnston à qui l'album est dédicacé). Mais là où sa musique me touche plus particulièrement, c'est lorsqu'elle tire parti de sa simplicité en s'affranchissant du tempo. Ainsi dans des pistes comme "Tokonoma", je sens Julien toucher à quelque chose qui ne fait penser à rien d'autre qu'à lui, dans un genre particulièrement hanté par l'ombre de son créateur. Une composition lente, spacieuse, très peu soumise au battement caractéristique de la basse par le pouce. C'est peut-être celle qui me frappe le plus mais c'est loin d'être la seule à assouplir le temps sur ce disque. Quelques instants laissés au silence après une phrase mélodique, le temps de reprendre une grande respiration. Ça peut paraître peu, mais c'est précieux.
Il serait malavisé cependant de réduire Ledru à une curiosité locale, un novelty act comme on dit outre-Atlantique, du type : "oh regardez ce grignoteur de grenouille qui bat la mesure avec son pouce, est-ce qu'il sait faire du monocycle aussi ?". L'homme ne semble pas intéressé par ce genre de considération, sa passion à lui c'est le blues, celui de Skip James, de Mississippi John Hurt et d'Elizabeth Cotten, un blues simple et régulier comme une petite locomotive, qui n'hésite pas à s'hybrider avec divers éléments d'un paysage culturel et musical hétéroclite... dès lors on devra bien sûr citer el Fahey grande, mais aussi Glenn Jones (avec Julien ils partagent le goût des animaux en couverture) et d'autres.
White Oak Blues est déjà le second album de Ledru, qui a sorti le précédent l'année dernière seulement - à l'image de la locomotive sus-citée, notre guitariste ici présent fera-t-il tchou-tchou une fois l'an ? Je ne songerai pas à m'en plaindre, le style de Julien est de ceux qui apaisent l'âme. Et Dieu sait comme on a besoin de ça en ce moment et dans les temps qui vont suivre. Sur White Oak Blues comme sur Along the Road I Had Traveled, les mélodies sont sculptées avec précision et clarté, sans autre espèce d'artifice. Peut-être par choix de réduire sa musique à l'essentiel, peut-être simplement parce que sa technique le limite, le résultat est le même. Un filet mélodique lumineux et paisible, propre à laisser l'esprit vagabonder.
Il ne s'agit pas non plus de dire que la musique de Ledru n'a pas de part sombre, loin de là, rien que les premières secondes du premier morceau(-titre) l'indiquent, mélodie sinueuse, atmosphère à la fois inquiétante et chagrine. D'autres en revanche ont tout de la caresse d'une plume, comme "The Weight of the Nerves" et son overdub d'arpèges angéliques. White Oak Blues comporte nombre d'ambiances aussi variées que peut le permettre l'usage quasi-exclusif d'une guitare acoustique (c'est à dire, si vous avez bien suivi, une infinité de possibilités), ainsi que quelques touches qui s'écartent un peu de l'écrin habituel - deux pistes au banjo, une première pour Ledru, ainsi qu'une brève et touchante virée drone sur la fin de "Daniel Variations", en hommage à Daniel Johnston à qui l'album est dédicacé). Mais là où sa musique me touche plus particulièrement, c'est lorsqu'elle tire parti de sa simplicité en s'affranchissant du tempo. Ainsi dans des pistes comme "Tokonoma", je sens Julien toucher à quelque chose qui ne fait penser à rien d'autre qu'à lui, dans un genre particulièrement hanté par l'ombre de son créateur. Une composition lente, spacieuse, très peu soumise au battement caractéristique de la basse par le pouce. C'est peut-être celle qui me frappe le plus mais c'est loin d'être la seule à assouplir le temps sur ce disque. Quelques instants laissés au silence après une phrase mélodique, le temps de reprendre une grande respiration. Ça peut paraître peu, mais c'est précieux.
Bon 15/20 | par X_Wazoo |
En écoute ici : https://julienledru.bandcamp.com/
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