Bonny Light Horseman
Bonny Light Horseman |
Label :
37d03d |
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Pour un groupe, un des buts à atteindre lorsqu'il reprend des standards parfois centenaires du répertoire country et folk traditionnel, c'est de trouver son propre ton, en adéquation avec ce qu'il veut faire des morceaux (les réinventer en profondeur, leur rendre un simple hommage en y touchant juste ce qu'il juge nécessaire, les dépoussiérer pour leur donner une touche de modernité...). La concurrence ne manquant pas dans ce domaine précis, le mieux est quand même de bien s'y prendre, de ne pas faire n'importe quoi quelle que soit l'option retenue et d'offrir un petit os à ronger à l'auditeur pour l'empêcher d'aller voir ailleurs au bout de deux écoutes. Heureusement, ceux qui sont restés jusqu'au bout du premier disque de Bonny Light Horseman, qui porte le même nom (tiré d'une ballade anglaise du XVIe siècle), ne mangent pas de ce pain-là et ils ont raison (mais l'exploit n'est pas bien grand non plus, les trente-sept minutes n'étant même pas dépassées).
Ce qui m'a tout d'abord attiré vers cet album, c'est évidemment la présence d'Eric D. Johnson, le génie des Fruit Bats que j'apprécie de plus en plus. Il est accompagné d'Anaïs Mitchell, une musicienne folk originaire du Vermont, déjà auteure de sept albums avant celui dont nous parlons, et de Josh Kaufman, multi-instrumentiste, producteur et arrangeur (entre autres talents) basé à Brooklyn. Alors que Johnson et Kaufman travaillaient déjà ensemble sur un projet de reprises et d'adaptations de chansons folk traditionnelles, Mitchell les rejoignit après avoir été contactée par Kaufman sur les internets, qui lui proposait de participer. Grâce à l'intervention de Justin "Bon Iver" Vernon, qui eut vent du projet, les trois collaborateurs se retrouvèrent en résidence à Berlin où ils enregistrèrent la majorité de l'album en une semaine, dans le cadre du collectif 37d03d piloté par le musicien d'Eau Claire (collectif qui est aussi le label qui publie le disque).
Et là où les Bonny Light Horseman réussissent leur coup, c'est dans la façon dont ils parviennent à saisir cette sensation d'intemporalité inhérente à chaque titre, qui aurait pu être écrasante et les inhiber, mais, en bons artisans soucieux de leur art et de ce à quoi ils s'attaquaient, ils la retranscrivent subtilement et naturellement, sans forcer en quoi que ce soit. À ce titre, les deux premiers morceaux du disque, "Bonny Light Horseman" (et son refrain aux chœurs à tomber qui résonnera longtemps en vous, les voix de Mitchell et Johnson se mariant magnifiquement bien) et "Deep In Love" (aérienne et apaisante) sont peut-être les meilleurs exemples de leur capacité à s'approprier cette magie indicible venue du fond des âges, qui ne s'est pas perdue au fil des siècles et qui est donc bien vivante entre leurs mains.
La suite est tout à fait appréciable et vogue gracieusement et élégamment sur les mêmes intentions ("The Roving", avec de nouveau un refrain très harmonieux, leur version de "Jane Jane"), tout n'est que calme et volupté ("Blackwaterside", suspendue et chaleureuse). Johnson et Mitchell alternent régulièrement au micro ("Magpie's Nest" et "Mountain Rain" pour le premier, "Lowlands" pour la seconde par exemple), Kaufman n'étant jamais loin pour les soutenir. Et les trois sont même accompagnés par quelques membres du collectif 37d03d sur certains morceaux, notamment Lisa Hannigan sur "Blackwaterside" et Justin Vernon sur le superbe "Bright Morning Stars", le mélange des voix lui conférant une dimension quasi spirituelle, déjà présente dans les paroles. Enfin Johnson et Mitchell s'accordent une dernière fois sur la vibrante "10,000 Miles", refermant avec classe et délicatesse ce recueil qui mêle tradition et modernité dans un parfait équilibre jamais surjoué et qui relève, pris dans son ensemble, d'une évidence certaine. Tout n'est ici en effet que fluidité, harmonie, émotion et simplicité, au service de chansons immémoriales qui connaîtront, à n'en pas douter, encore bien d'autres interprétations. Voici celles proposées par Bonny Light Horseman, inondées d'un charme désarmant, elles ne manqueront pas de vous séduire !
Ce qui m'a tout d'abord attiré vers cet album, c'est évidemment la présence d'Eric D. Johnson, le génie des Fruit Bats que j'apprécie de plus en plus. Il est accompagné d'Anaïs Mitchell, une musicienne folk originaire du Vermont, déjà auteure de sept albums avant celui dont nous parlons, et de Josh Kaufman, multi-instrumentiste, producteur et arrangeur (entre autres talents) basé à Brooklyn. Alors que Johnson et Kaufman travaillaient déjà ensemble sur un projet de reprises et d'adaptations de chansons folk traditionnelles, Mitchell les rejoignit après avoir été contactée par Kaufman sur les internets, qui lui proposait de participer. Grâce à l'intervention de Justin "Bon Iver" Vernon, qui eut vent du projet, les trois collaborateurs se retrouvèrent en résidence à Berlin où ils enregistrèrent la majorité de l'album en une semaine, dans le cadre du collectif 37d03d piloté par le musicien d'Eau Claire (collectif qui est aussi le label qui publie le disque).
Et là où les Bonny Light Horseman réussissent leur coup, c'est dans la façon dont ils parviennent à saisir cette sensation d'intemporalité inhérente à chaque titre, qui aurait pu être écrasante et les inhiber, mais, en bons artisans soucieux de leur art et de ce à quoi ils s'attaquaient, ils la retranscrivent subtilement et naturellement, sans forcer en quoi que ce soit. À ce titre, les deux premiers morceaux du disque, "Bonny Light Horseman" (et son refrain aux chœurs à tomber qui résonnera longtemps en vous, les voix de Mitchell et Johnson se mariant magnifiquement bien) et "Deep In Love" (aérienne et apaisante) sont peut-être les meilleurs exemples de leur capacité à s'approprier cette magie indicible venue du fond des âges, qui ne s'est pas perdue au fil des siècles et qui est donc bien vivante entre leurs mains.
La suite est tout à fait appréciable et vogue gracieusement et élégamment sur les mêmes intentions ("The Roving", avec de nouveau un refrain très harmonieux, leur version de "Jane Jane"), tout n'est que calme et volupté ("Blackwaterside", suspendue et chaleureuse). Johnson et Mitchell alternent régulièrement au micro ("Magpie's Nest" et "Mountain Rain" pour le premier, "Lowlands" pour la seconde par exemple), Kaufman n'étant jamais loin pour les soutenir. Et les trois sont même accompagnés par quelques membres du collectif 37d03d sur certains morceaux, notamment Lisa Hannigan sur "Blackwaterside" et Justin Vernon sur le superbe "Bright Morning Stars", le mélange des voix lui conférant une dimension quasi spirituelle, déjà présente dans les paroles. Enfin Johnson et Mitchell s'accordent une dernière fois sur la vibrante "10,000 Miles", refermant avec classe et délicatesse ce recueil qui mêle tradition et modernité dans un parfait équilibre jamais surjoué et qui relève, pris dans son ensemble, d'une évidence certaine. Tout n'est ici en effet que fluidité, harmonie, émotion et simplicité, au service de chansons immémoriales qui connaîtront, à n'en pas douter, encore bien d'autres interprétations. Voici celles proposées par Bonny Light Horseman, inondées d'un charme désarmant, elles ne manqueront pas de vous séduire !
Parfait 17/20 | par Poukram |
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