Christine Pizzuti

Dirty Home

Dirty Home

 Label :     Autoproduit 
 Sortie :    mercredi 10 octobre 2018 
 Format :  Maxi / Numérique   

(L'auteur de cette chronique est un chieur qui ne veut pas noter la musique. Par défaut, il met 20/20 partout et cette note n'engage que ceux qui veulent la prendre au sérieux)

Admettons que vous soyez un fan éperdu de Mississippi John Hurt et que vous lui cherchiez une descendance. Assez vite, vous allez tomber sur Doc Watson ou rebondir sur John Fahey. De bons moments en perspective mais, aussi cliché soit cet avis, vous ne pourrez pas vous empêcher de trouver qu'il manque un petit truc à tous ces white dudes par rapport à notre travailleur agricole préféré. Ou vous trouverez peut-être un peu de réconfort dans les disques de Taj Mahal, allez savoir.

De manière totalement imprévue, il est fort possible que tous ces messieurs, aussi doués soient-ils, se soient faits coiffer au poteau par une nana de l'Etat de New-York, Christine Pizzuti (aussi blanche qu'une fleur de coton si jamais vous vous demandez). Pour l'instant, sa réputation ne dépasse pas celle de sa chaine youtube [1], d'un live au Zebulon de Brooklyn [2] enregistré avec un portable et d'un EP sorti en autoprod au format numérique que je m'apprête à vous raconter. Son grand fait d'armes est assez notable si on y pense bien mais il manque singulièrement de visibilité médiatique vu de chez nous, c'est d'avoir participé le temps d'une reprise de Geeshie Wiley au documentaire American Epic [3].

Et l'EP, Dirty Home qu'il s'appelle, à quoi il ressemble alors ?
Sept morceaux au songwriting élégant et, avouons-le, assez traumatisant quand on s'est déjà essayé à l'art délicat de la composition de ballades country blues. C'est une éruption de fingerpicking gracile et syncopé, de mélodies tradis, de blue notes et d'émotions indéchiffrables. Avec une voix qui se déploie un peu plus à la Mae Glover (ou Geeshie Wiley justement) qu'à la manière suave de l'ami John.
Une reprise de Frank Hutchison pour finir, histoire d'achever de convaincre les plus sceptiques que ses racines sont profondes et qu'elle connaît ses 78 tours de la grande époque Okeh Records sur le bout des doigts.
Signalons que le tout, cette succession de litanies d'un autre temps, fut enregistré dans l'appartement d'un bonhomme à Brooklyn puis sorti à l'arrache quelques années plus tard sans tambour ni trompette. Voilà pour l'EP.

Et puis ensuite elle a disparu. Plus aucune news sur sa chaîne youtube depuis 7 ans, pas de nouvel album, une page facebook en semi abandon avec quelques centaines de likes. Vu comment ça part, ça sent le plan lose à l'ancienne, comme notre ami Mississippi qui s'était évaporé pendant des décennies jusqu'à ce que Dick Spottswood ne le retrouve après une enquête discographique assez savoureuse [4].
Mais bon, la légende s'arrête là, on est au XXIème siècle. En bon stalker, j'ai retrouvé sa trace sur la page facebook de la ferme où elle travaille dorénavant. J'y ai perdu en mystère, j'y ai gagné en espoir. Un jour, elle délaissera ses cochons, ses poules et ses chèvres, elle reprendra sa guitare et ce jour là, j'espère qu'il y aura quelqu'un pour enregistrer, même avec son portable.


Intemporel ! ! !   20/20
par Santiagoo


  [1] Le nom de sa chaîne est IplayBanjoNow. Elle y fait de nombreuses reprises de l'ami John Hurt à la cool comme si c'était un petit truc marrant à faire en passant
[2] Amis habitués de Xsilence, vous devez être aussi choqués que moi par le nom de ce lieu, je ne sais pas quoi vous dire, ça ne s'invente pas
[3] Ça a l'air chanmé mais je l'ai pas vu. Plus d'infos sur le site officiel : www.americanepic.com
[4] Anecdote trouvable n'importe où sur internet, faites-vous plaisir


Proposez votre chronique !







Recherche avancée
En ligne
217 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages
Les Pochettes de disques, elles vous font quel effet ?