Smudge
Manilow |
Label :
Domino |
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Le truc tout bête que je répondrais si on me demandait ce que je pense de ce premier album de Smudge sorti en 1994, c'est que c'est différent des Lemonheads et de Screamfeeder, mais c'est cool. C'est très léger, OK, mais je suis justement là pour développer, alors on y va.
Si je dois dérouler le fil et faire un retour en arrière, j'ai fait le constat que les premières écoutes de cet album ont peiné à allumer mon moteur. J'ai failli passer à côté de ce disque. En fait, mon erreur initiale a été induite par des comparaisons que je me suis trouvé forcé de faire. Il faut dire que j'ai reçu l'album en fin d'année 2018 - preuve que le genre power pop est un puits sans fond - je l'ai reçu, donc, en même temps que Burn Out Your Name de Screamfeeder paru lui, en 1993. Et bon, j'ai pas pu en décrocher de celui-là. Ca te colle au plafond ce truc, et tu veux pas en descendre. Tu veux y rester collé longtemps, longtemps, mais longtemps. Vraiment, c'est un album surpuissant qui va au-delà de l'extrême limite.
Mais non, je ne parle pas de ce groupe fabuleux qu'est Screamfeeder pour rien. Ils ont avec Smudge des points communs évidents. L'Australie d'abord, la power pop ensuite, et accessoirement ils sont contemporains. Et plus que ça, en rédigeant ce texte, j'apprends que Tom Morgan - qui vous l'aurez compris est le chanteur de Smudge – fait les chœurs sur un titre de Burn Out Your Name (il s'agit de "Goat Cheese", avec Evan Dando aussi). Mais c'est comme Robert Pollard sur "Baby Goes to 11" de Superdrag, il faut avoir l'ouïe fine pour les distinguer. En tous cas, ça pousse encore un peu plus à comparer Smudge avec Screamfeeder, même s'il ne m'en fallait pas tant que ça. Chez Smudge, c'est un peu plus le bordel en fait. Ca sent vraiment l'enregistrement au fond du garage, notamment quand on entend la batterie un peu lo-fi et pas toujours en place, mais attention il y a des idées. La dynamique donnée aux morceaux est super. C'est à mes oreilles une des grosses différences avec beaucoup de groupes qui jouent dans ce style aujourd'hui. J'ai l'impression, que maintenant le rythme n'est jamais comme il faut: ou pas dynamique, ou trop léger, un truc terne quoi. Où sont passé les batteurs? On se demande. Mais là, rien de tout ça. C'est brinquebalant parfois, mais ça marche. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi... Bref, c'est ultra important la section rythmique à mon sens.
Mais je parle, je parle et je n'aborde pas le sujet que tout le monde attend. Je veux parler de l'autre point de comparaison un peu moins subjectif qui est incontournable : celui avec les Lemonheads. Car Tom Morgan en a fait partie et a composé certaines de leurs chansons avec Dando. C'est tellement un truc à part les Lemonheads - le chant de Dando met tout le monde KO - que ça part déjà mal pour Smudge, faut être honnête. Tom Morgan est arrivé chez eux sur Come On Feel, qui est antérieur d'un an à ce Manilow comme me l'a rappelé Blackcondorguy sur le forum du site. Donc quand on entend le grand "Down About it" sur cet album de Smudge, c'est un après-coup. Si on aime juste la deuxième période des Lemonheads - qui commence avec Come On Feel pourtant - on peut s'attendre à être déçu. Car si Morgan est arrivé chez les Lemonheads au moment où la folk et la pop ont commencé à prendre de la place, sur cet album de Smudge, il joue une musique dans l'ensemble plutôt pop-punk qui évoque les débuts du groupe de Boston.
Alors, gaffe, le disque est long. On parle quand même d'une vingtaine de morceaux. On a laissé le concept de concision dans les bagages. Ca se guided-by-voices-ise, et donc, c'est assez varié. Il s'en dégage un air de joyeux boxon. Par cet aspect détendu et spontané de la chose, auquel est ajoutée une teinte généralement bubblegum-isée, ça fait un peu penser à un Ben Lee en groupe (encore l'Australie qui rêve de Boston, toujours). Si on peut employer l'adjectif "frais", c'est bien ici qu'il faut le faire sans se gêner. Ensuite, comme il y a beaucoup de titres et qu'on a le temps, il y a deux intermèdes disséminés dans la liste. Un premier ultra-court, "Mr Coffee Man" qui, j'en suis persuadé, doit rendre hommage à All ou aux Descendents. Hypercaféiné spazzinaté ce titre. Et la deuxième coupure est, elle, un clin d'oeil à Ween. Ce n'est pas possible qu'il en soit autrement.
Sinon, pour l'auditeur qui a déjà entendu Come One Feel l'année d'avant - on se remet dans le contexte - il y a donc "Down About It" qui, aux premières écoutes, sort bien évidemment du lot tellement c'est bon. Mais Tom Morgan, dans son interprétation, de façon certainement inconsciente, ôte une des nombreuses pellicules de mélancolie dont le titre est pourvu quand il est chanté par Dando. Mais bon, il en reste encore. Mais sans la gravité du chant de Dando, c'est autre chose : on y sent davantage un parfum adolescent. Si on y pressent le classique particulièrement sur celle-là, "Superhero" n'est pas non plus très loin de ce statut: magnifique avec son intro qu'on croirait tout droit sortie de Green Mind de Dinosaur Jr. En relisant la chronique du site sur les Hotel Sessions des Lemonheads, on y apprend que Dando y joue ce titre et il n'y a pas de secret: on peut dire qu'il sait reconnaître les bonnes chansons le ténébreux. C'est ce que je me suis dit au départ, mais en fait, au même titre que "Down About It", c'est une chanson que Morgan et Dando ont écrite ensemble.
Il y a d'autres moments cools. Les très bons "Funny You Should Mention that", "Ingrown", "Pulp", "Dave The Talking Bear", le mélancolico-beau "Impractical Joke". On peut en citer plein. "Desmond" avec une nana au chant, rejoint la grande tradition des Fuzzy ou des Juliana Hatfield avec ses Blake Babies. Parfois punk, parfois plus posé, il y a toujours un détail mélodique qui accroche le cœur. Mes préférences vont peut-être aux chansons où la guitare acoustique a la part belle, comme sur le court "Ugly Just Like Me" (très Ben Lee ça aussi). On notera que sur la version européenne du disque, sortie chez Domino, on se prend du rab avec 2 titres supplémentaires. Et parmi ces 2 bonus, il y a "Kelly" où le prénom est répété cinquante fois de suite. Effet garanti. On se croirait dans "Empire Records". Fun Fun Fun.
En tous cas, plus je l'ai écouté en écrivant cette chronique, plus je me suis rendu compte que Smudge, sur ce Manilow, montre bien qu'avec un peu de cœur et de panache, la moitié du chemin est déjà parcourue. Ca ne tient qu'à un fil. Je vous ai déjà parlé de Screamfeeder?
Si je dois dérouler le fil et faire un retour en arrière, j'ai fait le constat que les premières écoutes de cet album ont peiné à allumer mon moteur. J'ai failli passer à côté de ce disque. En fait, mon erreur initiale a été induite par des comparaisons que je me suis trouvé forcé de faire. Il faut dire que j'ai reçu l'album en fin d'année 2018 - preuve que le genre power pop est un puits sans fond - je l'ai reçu, donc, en même temps que Burn Out Your Name de Screamfeeder paru lui, en 1993. Et bon, j'ai pas pu en décrocher de celui-là. Ca te colle au plafond ce truc, et tu veux pas en descendre. Tu veux y rester collé longtemps, longtemps, mais longtemps. Vraiment, c'est un album surpuissant qui va au-delà de l'extrême limite.
Mais non, je ne parle pas de ce groupe fabuleux qu'est Screamfeeder pour rien. Ils ont avec Smudge des points communs évidents. L'Australie d'abord, la power pop ensuite, et accessoirement ils sont contemporains. Et plus que ça, en rédigeant ce texte, j'apprends que Tom Morgan - qui vous l'aurez compris est le chanteur de Smudge – fait les chœurs sur un titre de Burn Out Your Name (il s'agit de "Goat Cheese", avec Evan Dando aussi). Mais c'est comme Robert Pollard sur "Baby Goes to 11" de Superdrag, il faut avoir l'ouïe fine pour les distinguer. En tous cas, ça pousse encore un peu plus à comparer Smudge avec Screamfeeder, même s'il ne m'en fallait pas tant que ça. Chez Smudge, c'est un peu plus le bordel en fait. Ca sent vraiment l'enregistrement au fond du garage, notamment quand on entend la batterie un peu lo-fi et pas toujours en place, mais attention il y a des idées. La dynamique donnée aux morceaux est super. C'est à mes oreilles une des grosses différences avec beaucoup de groupes qui jouent dans ce style aujourd'hui. J'ai l'impression, que maintenant le rythme n'est jamais comme il faut: ou pas dynamique, ou trop léger, un truc terne quoi. Où sont passé les batteurs? On se demande. Mais là, rien de tout ça. C'est brinquebalant parfois, mais ça marche. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi... Bref, c'est ultra important la section rythmique à mon sens.
Mais je parle, je parle et je n'aborde pas le sujet que tout le monde attend. Je veux parler de l'autre point de comparaison un peu moins subjectif qui est incontournable : celui avec les Lemonheads. Car Tom Morgan en a fait partie et a composé certaines de leurs chansons avec Dando. C'est tellement un truc à part les Lemonheads - le chant de Dando met tout le monde KO - que ça part déjà mal pour Smudge, faut être honnête. Tom Morgan est arrivé chez eux sur Come On Feel, qui est antérieur d'un an à ce Manilow comme me l'a rappelé Blackcondorguy sur le forum du site. Donc quand on entend le grand "Down About it" sur cet album de Smudge, c'est un après-coup. Si on aime juste la deuxième période des Lemonheads - qui commence avec Come On Feel pourtant - on peut s'attendre à être déçu. Car si Morgan est arrivé chez les Lemonheads au moment où la folk et la pop ont commencé à prendre de la place, sur cet album de Smudge, il joue une musique dans l'ensemble plutôt pop-punk qui évoque les débuts du groupe de Boston.
Alors, gaffe, le disque est long. On parle quand même d'une vingtaine de morceaux. On a laissé le concept de concision dans les bagages. Ca se guided-by-voices-ise, et donc, c'est assez varié. Il s'en dégage un air de joyeux boxon. Par cet aspect détendu et spontané de la chose, auquel est ajoutée une teinte généralement bubblegum-isée, ça fait un peu penser à un Ben Lee en groupe (encore l'Australie qui rêve de Boston, toujours). Si on peut employer l'adjectif "frais", c'est bien ici qu'il faut le faire sans se gêner. Ensuite, comme il y a beaucoup de titres et qu'on a le temps, il y a deux intermèdes disséminés dans la liste. Un premier ultra-court, "Mr Coffee Man" qui, j'en suis persuadé, doit rendre hommage à All ou aux Descendents. Hypercaféiné spazzinaté ce titre. Et la deuxième coupure est, elle, un clin d'oeil à Ween. Ce n'est pas possible qu'il en soit autrement.
Sinon, pour l'auditeur qui a déjà entendu Come One Feel l'année d'avant - on se remet dans le contexte - il y a donc "Down About It" qui, aux premières écoutes, sort bien évidemment du lot tellement c'est bon. Mais Tom Morgan, dans son interprétation, de façon certainement inconsciente, ôte une des nombreuses pellicules de mélancolie dont le titre est pourvu quand il est chanté par Dando. Mais bon, il en reste encore. Mais sans la gravité du chant de Dando, c'est autre chose : on y sent davantage un parfum adolescent. Si on y pressent le classique particulièrement sur celle-là, "Superhero" n'est pas non plus très loin de ce statut: magnifique avec son intro qu'on croirait tout droit sortie de Green Mind de Dinosaur Jr. En relisant la chronique du site sur les Hotel Sessions des Lemonheads, on y apprend que Dando y joue ce titre et il n'y a pas de secret: on peut dire qu'il sait reconnaître les bonnes chansons le ténébreux. C'est ce que je me suis dit au départ, mais en fait, au même titre que "Down About It", c'est une chanson que Morgan et Dando ont écrite ensemble.
Il y a d'autres moments cools. Les très bons "Funny You Should Mention that", "Ingrown", "Pulp", "Dave The Talking Bear", le mélancolico-beau "Impractical Joke". On peut en citer plein. "Desmond" avec une nana au chant, rejoint la grande tradition des Fuzzy ou des Juliana Hatfield avec ses Blake Babies. Parfois punk, parfois plus posé, il y a toujours un détail mélodique qui accroche le cœur. Mes préférences vont peut-être aux chansons où la guitare acoustique a la part belle, comme sur le court "Ugly Just Like Me" (très Ben Lee ça aussi). On notera que sur la version européenne du disque, sortie chez Domino, on se prend du rab avec 2 titres supplémentaires. Et parmi ces 2 bonus, il y a "Kelly" où le prénom est répété cinquante fois de suite. Effet garanti. On se croirait dans "Empire Records". Fun Fun Fun.
En tous cas, plus je l'ai écouté en écrivant cette chronique, plus je me suis rendu compte que Smudge, sur ce Manilow, montre bien qu'avec un peu de cœur et de panache, la moitié du chemin est déjà parcourue. Ca ne tient qu'à un fil. Je vous ai déjà parlé de Screamfeeder?
Parfait 17/20 | par LaEscoba |
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