Here We Go Magic

Parmi les groupes de moyen calibre dans le festival basque espagnol, Here We Go Magic prend le relai des Warpaint sur la troisième scène dans les mêmes conditions peu adéquates. Avec un excellent album pop sorti cette année produit par Nigel Godrich s'il vous plait, j'attendais beaucoup de ce groupe décalé qui sait faire autant sourire et danser qu'émouvoir avec grâce. Sauf qu'en 3D, c'est une toute autre paire de manches. Comme si je m'étais fait avoir par l'emballage, je découvre qu'il n'y a pas de collectif Here We Go Magic mais une seule personne : Luke Temple qui fait son taf sans forcer, partagé entre ennui et syndrome d'Asperger. Alors qu'elle a une place mélodique centrale, sa voix est aux abonnés absents, atteinte d'un gros manque d'assurance et d'énergie. Il faut tendre l'oreille pour capter les textes de "Hard To Be Close" ou "Alone But Moving" d'autant que la guitare de Temple est également mollassonne et maussade. Ses partenaires (français pour deux), font quant à eux de la pure figuration (surtout le clavier que l'on entendra pas du set) et se contentent de surveiller du regard leur leader pour savoir l'attitude à adopter ou plutôt la deviner puisqu'il n'y a pas d'échange, même courtois. "I Believe In Action" et ses deux guitares désynchronisées laisse penser tout le contraire. Nulle action, nulle exubérance ici, aucun débordement, pas même sur le pourtant délicieux "Old World United" ou les autres titres sortis de Pigeons (le très Blonde Redhead "Surprise" ou encore le légèrement casuel "Casual"). Pas un sourire non plus. Et lorsque le groupe revient sur A Different Ship, on ne ressent rien au contact des entrelacs de "Over The Ocean". La faute est sans doute due à la difficulté d'égaler la production top de Godrich en live et de reproduire les sonorités océanes qui habitent le dernier album au demeurant très calme et qui donc peine à s'affirmer. Surtout lorsqu'il est interprété avec autant d'enthousiasme... Dommage.