La Baracande
La Baracande 2 |
Label :
La Nòvia |
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Tranquillement installés dans notre confortable modernité, habités du sacro-saint "progrès" dont on se rengorge volontiers, on est bien loin de s'imaginer qu'au sein même de notre mère patrie se cachent de sombres obscurantistes musicaux. Quoique non, ils se cachent pas les sagouins, ils sortent même des disques et font des concerts, prêts à jouer le rôle de croque-mitaines auprès de leurs honnêtes concitoyens. La sortie du premier album des franco-suisses de La Tène l'année dernière m'avait mis la puce à l'oreille ; je suis faible face à cet étalage de vices puisant dans un passé oublié, dans des traditions impies remises aux dégoûts du jour.
La Tène évoquait de sombres rituels sans paroles, laissant libre court à l'imagination de la victime quant au sens (sans doute terrible) de ces drones aux rythmes entêtants. Mais La Baracande, projet issu du collectif de musiques traditionnelles expérimentales La Nòvia, ne nous accorde pas le luxe de l'ambiguïté. Ses frappes sont précises et cruelles, les paroles – quoique bouffées en partie par la densité de l'instrumentarium – racontent des histoires médiévales de cœur et de sexe, qui souvent s'achèvent dans le sang, et l'instrumentation est un impressionnant amas d'instruments acoustiques (sans compter une furieuse gratte électrique) dont chacun est occupé à lacérer méthodiquement les lambeaux de nos tympans. Cornemuse, béchonnet, violon, vielle à roue, boîte à bourdon, joués par les membres du groupe TOAD et qui supportent le chant moyenâgeux et monocorde de Basile Brémaud.
Suivre la narration de ces récits de passions interdites, de meurtres et de tromperies est éprouvant pour sûr, tant cette musique est intensément étouffante et sans répit, mais je ne peux dénier le plaisir pervers et la vicieuse fascination que cela exerce sur moi. Si le cœur vous en dit, venez donc vous délecter (en frissonnant quand même, un peu de décence) de ces vices anciens. On y conte l'histoire d'une belle et jeune princesse foutue aux cachots par son paternel afin de l'empêcher de se marier avec un bellâtre que pôpa désapprouve, et y croupir pendant 7 ans, à bouffer des asticots et voir ses pieds pourrir dans ses fers, avant de finalement succomber à la maladie. Et le père d'enterrer sa fille en fin de chanson. On y suivra l'histoire de ses jeunes amants que la vie séparera, le galant ayant préféré épouser une riche moche pour s'assurer prospérité. Son ancienne amante s'ôtera la vie une fois le mariage fêté, et lui finira par la rejoindre dans la mort, de chagrin. On y parlera aussi de départ à la guerre, d'un homme emporté dans les rivières de sang, poussant son dernier soupir alors que sa blonde s'en vient pour le soigner.
La Baracande nous laissera tout de même souffler par deux fois. La première sera par cette histoire d'une belle couturière parisienne dont l'amant convoite de l'emmener en forêt pour lui "faire changer de couleur". La belle se prend au jeu, pariant quand à elle qu'elle ressortira du bois en ayant gardé son honneur. Une fois sur place, le damoiseau commence à la dénuder ; la couturière se met alors à crier, promettant à l'excité trois des plus beaux chevaux de son père s'il la laisse aller. Celui-ci, par le gain appâté, la rhabille aussitôt et l'accompagne chez le paternel pour s'enquérir de son nouveau bien. Sauf qu'une fois arrivés, la belle le nargue en lui disant que ces chevaux ne lui appartiennent pas, ajoutant qu'il n'est vraiment pas bon chasseur, pareil au lévrier qui laisse échapper une proie qu'il avait ferré. La seconde conte l'histoire d'une sœur dans un couvent qui se fait draguer par un menuisier protestant, qui finit par céder, quitter le couvent et se marier avec lui. Tout est bien qui finit bien non ? Ce serait sans compter que la plus cauchemardesque des pistes est à venir ; "Un jour j'ai pris le temps", tragédie incestueuse fratricide secouée de terribles coups de boutoirs instrumentaux, de larsens, de grésillements, la guitare n'ayant jamais pris un rôle aussi massif.
Comme le protagoniste aux mains tâchées de sang qui attend l'arrivée de la Justice, on ressort sali de cette aventure cathartique, mais ça n'empêchera pas d'y revenir pour renouer une fois de plus avec nos plus inavouables pulsions.
La Tène évoquait de sombres rituels sans paroles, laissant libre court à l'imagination de la victime quant au sens (sans doute terrible) de ces drones aux rythmes entêtants. Mais La Baracande, projet issu du collectif de musiques traditionnelles expérimentales La Nòvia, ne nous accorde pas le luxe de l'ambiguïté. Ses frappes sont précises et cruelles, les paroles – quoique bouffées en partie par la densité de l'instrumentarium – racontent des histoires médiévales de cœur et de sexe, qui souvent s'achèvent dans le sang, et l'instrumentation est un impressionnant amas d'instruments acoustiques (sans compter une furieuse gratte électrique) dont chacun est occupé à lacérer méthodiquement les lambeaux de nos tympans. Cornemuse, béchonnet, violon, vielle à roue, boîte à bourdon, joués par les membres du groupe TOAD et qui supportent le chant moyenâgeux et monocorde de Basile Brémaud.
Suivre la narration de ces récits de passions interdites, de meurtres et de tromperies est éprouvant pour sûr, tant cette musique est intensément étouffante et sans répit, mais je ne peux dénier le plaisir pervers et la vicieuse fascination que cela exerce sur moi. Si le cœur vous en dit, venez donc vous délecter (en frissonnant quand même, un peu de décence) de ces vices anciens. On y conte l'histoire d'une belle et jeune princesse foutue aux cachots par son paternel afin de l'empêcher de se marier avec un bellâtre que pôpa désapprouve, et y croupir pendant 7 ans, à bouffer des asticots et voir ses pieds pourrir dans ses fers, avant de finalement succomber à la maladie. Et le père d'enterrer sa fille en fin de chanson. On y suivra l'histoire de ses jeunes amants que la vie séparera, le galant ayant préféré épouser une riche moche pour s'assurer prospérité. Son ancienne amante s'ôtera la vie une fois le mariage fêté, et lui finira par la rejoindre dans la mort, de chagrin. On y parlera aussi de départ à la guerre, d'un homme emporté dans les rivières de sang, poussant son dernier soupir alors que sa blonde s'en vient pour le soigner.
La Baracande nous laissera tout de même souffler par deux fois. La première sera par cette histoire d'une belle couturière parisienne dont l'amant convoite de l'emmener en forêt pour lui "faire changer de couleur". La belle se prend au jeu, pariant quand à elle qu'elle ressortira du bois en ayant gardé son honneur. Une fois sur place, le damoiseau commence à la dénuder ; la couturière se met alors à crier, promettant à l'excité trois des plus beaux chevaux de son père s'il la laisse aller. Celui-ci, par le gain appâté, la rhabille aussitôt et l'accompagne chez le paternel pour s'enquérir de son nouveau bien. Sauf qu'une fois arrivés, la belle le nargue en lui disant que ces chevaux ne lui appartiennent pas, ajoutant qu'il n'est vraiment pas bon chasseur, pareil au lévrier qui laisse échapper une proie qu'il avait ferré. La seconde conte l'histoire d'une sœur dans un couvent qui se fait draguer par un menuisier protestant, qui finit par céder, quitter le couvent et se marier avec lui. Tout est bien qui finit bien non ? Ce serait sans compter que la plus cauchemardesque des pistes est à venir ; "Un jour j'ai pris le temps", tragédie incestueuse fratricide secouée de terribles coups de boutoirs instrumentaux, de larsens, de grésillements, la guitare n'ayant jamais pris un rôle aussi massif.
Comme le protagoniste aux mains tâchées de sang qui attend l'arrivée de la Justice, on ressort sali de cette aventure cathartique, mais ça n'empêchera pas d'y revenir pour renouer une fois de plus avec nos plus inavouables pulsions.
Parfait 17/20 | par X_Wazoo |
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