Two Inch Astronaut
Foulbrood |
Label :
Exploding In Sound |
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Je les aime bien ces gars. Petits, concentrés, plein de vitalité... Ça a été instantané. Dès le moment où on m'a mis sous le nez leur concert à l'Audiotree en 2015, j'ai mordu à l'hameçon. C'est pas évident d'expliquer exactement pourquoi.
On peut des fois se demander ce qui nous soude à un groupe. C'est un agglomérat de causes plus ou moins rationnelles et assez complexes, d'autant plus complexes qu'on peut découvrir 50 bons groupes par semaine par les temps qui courent. De cette alchimie découle le temps que l'on va passer avec un groupe ou avec un autre. Trois types qui écrivent des chansons enregistrées dans leur petit studio à l'autre bout de la planète peuvent toucher des auditeurs tous différents les uns des autres et ceux-ci vont recevoir chaque chanson à partir de ce qu'ils entendent et de ce à quoi ils sont sensibles. C'est quand même formidable à la base, non ? C'était important de le rappeler. Maintenant présentons un peu les troupes.
Il y a quelque chose qui se dégage de ces trois protagonistes pendant cette session live de l'Audiotree. Sam Rosenberg tient la guitare et donne de la voix, Matt Gatwood tape sur les tambours et Andy Chervenak, transfuge de Grass Is Green, vient en aide aux deux autres en apportant sa basse avec lui. Ce dernier venait de remplacer un certain Daniel Pouridas, qui quitte son instrument au sein du groupe mais y restera attaché en créant l'artwork de Personal Life, l'album suivant paru début 2016. Chez Two Inch Astronaut, ça se fait donc à trois et quand on n'est que trois, c'est quoi ? Un power trio, pardi ! Dans une interview récente où on demande au groupe de se décrire, la réponse est donnée sans tergiverser: "on s'entend probablement mieux que la plupart des autres groupes". Et en fait, ça tombe sous le sens vu le résultat de la somme de ces trois-là.
Au moment où je les découvrais par cette session live, venait de sortir leur deuxième album Foulbrood, enregistré en quelques jours de juin 2014. Déjà, et ce n'est pas rien de le signaler, la pochette peinte par un certain Ariel J. Klein est belle. Elle sort du lot de ce qu'on voit à longueur de temps. Sur un fond beige, elle montre la silhouette d'un homme, entouré d'abeilles, faisant un geste d'une main et se couvrant la bouche de l'autre. Par-dessus cette silhouette, le titre est répété 3 fois comme s'il avait été écrit rapidement en lettres capitales à la peinture rose avec des restes de couleur bleue sur le pinceau. Au dos, les titres des chansons entourent un essaim d'où sortent les abeilles malformées par cette maladie destructrice dénommée "foulbrood", soit "la loque", en bon français. On tient un bon titre, les mecs !
Le morceau portant ce nom ouvre l'album. Les paroles sont décousues et libres à interprétations. On parle d'abeilles ou d'humains ? Sur toutes les chansons, en quelques phrases très courtes, des choses sont abordées de façon très concrète mais souvent, le sujet reste évasif. Une certaine froideur se dégage de tout ça, mais une froideur qui est là pour nous rappeler ce que nous sommes, à la fois extraordinaires et plein de défauts. Pour ce qui concerne la musique, on ne peut pas nier une certaine continuité avec les groupes Dischord. Shudder To Think ont souvent été cités et c'est vrai qu'il y a des similitudes dans les structures, mais le chant est moins lyrique et aérien, même sur les passages où la voix de Rosenberg se fait plus aiguë. Pour tout dire, on pense souvent à Polvo, comme sur l'intro de "1,2, Talk" ou au milieu de "Black Fridge Area", ou même à l'album At Sixes And Sevens de Jason Loewenstein, surtout sur le plan vocal quand ça déménage. Mais ça, c'est si on veut y voir des ressemblances car ils se suffisent amplement à eux-mêmes. Dès les premières notes de ce premier morceau, on est happé par un riff et un rythme de batterie à la fois sec et rond qu'on croirait tout droit sorti des années 70. Chbam ! On rentre directement dans le vif du sujet. Je ne connais pas le travail de production de Michael Siegel, l'homme qui a bossé sur ce disque, mais ce qu'il fait ici, c'est du bon boulot. Je lui préfère même cette prod pleine de chaleur à celle de J. Robbins sur l'album suivant.
Sur ce premier titre comme sur le reste de l'album, des motifs de guitares se répètent et parfois le rythme s'arrête net. Ca s'accélère ("Type Four") et ça ralentit ("Cigarettes, Boys and Movies"). On est comme sur un bateau en pleine mer. Ca tangue. Tout tombe au millimètre et pourtant l'impression qui s'en dégage – pour moi, la grande qualité de cet album, qui sera malheureusement un peu absente sur l'album suivant - est cette sensualité qui surnage, sensualité certes plus flagrante sur les titres les plus lents, "Cigarettes, Boys and Movies", "Dead White Boy", "Black Fridge Area", ou "1,2 Talk". Les mélodies sont plutôt tortueuses et ne font pas dans la facilité. Aucun titre ne se pavane plus qu'un autre.
Ils ont vraiment fait fort et à mon avis, même si Personal Life est un album tout à fait honorable qui plaira davantage à ceux qui préfèrent leur côté frontal, il n'a pas le même charme mystérieux et perturbant. Attendons de voir ce qu'ils nous préparent pour 2017, mais une fois écouté ce Foulbrood, il ne reste plus qu'une chose à faire : le remettre. Longue vie aux astronautes de deux pouces de haut.
On peut des fois se demander ce qui nous soude à un groupe. C'est un agglomérat de causes plus ou moins rationnelles et assez complexes, d'autant plus complexes qu'on peut découvrir 50 bons groupes par semaine par les temps qui courent. De cette alchimie découle le temps que l'on va passer avec un groupe ou avec un autre. Trois types qui écrivent des chansons enregistrées dans leur petit studio à l'autre bout de la planète peuvent toucher des auditeurs tous différents les uns des autres et ceux-ci vont recevoir chaque chanson à partir de ce qu'ils entendent et de ce à quoi ils sont sensibles. C'est quand même formidable à la base, non ? C'était important de le rappeler. Maintenant présentons un peu les troupes.
Il y a quelque chose qui se dégage de ces trois protagonistes pendant cette session live de l'Audiotree. Sam Rosenberg tient la guitare et donne de la voix, Matt Gatwood tape sur les tambours et Andy Chervenak, transfuge de Grass Is Green, vient en aide aux deux autres en apportant sa basse avec lui. Ce dernier venait de remplacer un certain Daniel Pouridas, qui quitte son instrument au sein du groupe mais y restera attaché en créant l'artwork de Personal Life, l'album suivant paru début 2016. Chez Two Inch Astronaut, ça se fait donc à trois et quand on n'est que trois, c'est quoi ? Un power trio, pardi ! Dans une interview récente où on demande au groupe de se décrire, la réponse est donnée sans tergiverser: "on s'entend probablement mieux que la plupart des autres groupes". Et en fait, ça tombe sous le sens vu le résultat de la somme de ces trois-là.
Au moment où je les découvrais par cette session live, venait de sortir leur deuxième album Foulbrood, enregistré en quelques jours de juin 2014. Déjà, et ce n'est pas rien de le signaler, la pochette peinte par un certain Ariel J. Klein est belle. Elle sort du lot de ce qu'on voit à longueur de temps. Sur un fond beige, elle montre la silhouette d'un homme, entouré d'abeilles, faisant un geste d'une main et se couvrant la bouche de l'autre. Par-dessus cette silhouette, le titre est répété 3 fois comme s'il avait été écrit rapidement en lettres capitales à la peinture rose avec des restes de couleur bleue sur le pinceau. Au dos, les titres des chansons entourent un essaim d'où sortent les abeilles malformées par cette maladie destructrice dénommée "foulbrood", soit "la loque", en bon français. On tient un bon titre, les mecs !
Le morceau portant ce nom ouvre l'album. Les paroles sont décousues et libres à interprétations. On parle d'abeilles ou d'humains ? Sur toutes les chansons, en quelques phrases très courtes, des choses sont abordées de façon très concrète mais souvent, le sujet reste évasif. Une certaine froideur se dégage de tout ça, mais une froideur qui est là pour nous rappeler ce que nous sommes, à la fois extraordinaires et plein de défauts. Pour ce qui concerne la musique, on ne peut pas nier une certaine continuité avec les groupes Dischord. Shudder To Think ont souvent été cités et c'est vrai qu'il y a des similitudes dans les structures, mais le chant est moins lyrique et aérien, même sur les passages où la voix de Rosenberg se fait plus aiguë. Pour tout dire, on pense souvent à Polvo, comme sur l'intro de "1,2, Talk" ou au milieu de "Black Fridge Area", ou même à l'album At Sixes And Sevens de Jason Loewenstein, surtout sur le plan vocal quand ça déménage. Mais ça, c'est si on veut y voir des ressemblances car ils se suffisent amplement à eux-mêmes. Dès les premières notes de ce premier morceau, on est happé par un riff et un rythme de batterie à la fois sec et rond qu'on croirait tout droit sorti des années 70. Chbam ! On rentre directement dans le vif du sujet. Je ne connais pas le travail de production de Michael Siegel, l'homme qui a bossé sur ce disque, mais ce qu'il fait ici, c'est du bon boulot. Je lui préfère même cette prod pleine de chaleur à celle de J. Robbins sur l'album suivant.
Sur ce premier titre comme sur le reste de l'album, des motifs de guitares se répètent et parfois le rythme s'arrête net. Ca s'accélère ("Type Four") et ça ralentit ("Cigarettes, Boys and Movies"). On est comme sur un bateau en pleine mer. Ca tangue. Tout tombe au millimètre et pourtant l'impression qui s'en dégage – pour moi, la grande qualité de cet album, qui sera malheureusement un peu absente sur l'album suivant - est cette sensualité qui surnage, sensualité certes plus flagrante sur les titres les plus lents, "Cigarettes, Boys and Movies", "Dead White Boy", "Black Fridge Area", ou "1,2 Talk". Les mélodies sont plutôt tortueuses et ne font pas dans la facilité. Aucun titre ne se pavane plus qu'un autre.
Ils ont vraiment fait fort et à mon avis, même si Personal Life est un album tout à fait honorable qui plaira davantage à ceux qui préfèrent leur côté frontal, il n'a pas le même charme mystérieux et perturbant. Attendons de voir ce qu'ils nous préparent pour 2017, mais une fois écouté ce Foulbrood, il ne reste plus qu'une chose à faire : le remettre. Longue vie aux astronautes de deux pouces de haut.
Excellent ! 18/20 | par LaEscoba |
Ecoutable sur : https://twoinchastronaut.bandcamp.com/album/foulbrood
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