Jessica Sligter
A Sense Of Growth |
Label :
HUBRO |
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Je suis mitigé sur l'étiquette d'Art-pop. D'un côté c'est probablement l'un des termes les plus absurdes et déplacés de l'histoire des catégories musicales pour journaleux en manque d'inspiration, avec krautrock, shoegaze et post-rock. De l'autre, force m'est d'admettre qu'à force de côtoyer et d'aimer des artistes regroupés dans cette case j'ai fini par me faire une assez bonne idée des qualités partagées par ces gens : une vision souvent sophistiquée et décalée de la pop. Au point où moi-même je suis parfois amené en société à décrire des artistes pourtant très divers en les regroupant sous l'infamante terminologie. De fait, dès que je vois un album qui est est affublé je me précipite. C'est précisément ce qui s'est passé avec Jessica Sligter, chanteuse compositrice Hollandaise signée sur l'excellent label norvégien HUBRO. Comme de coutume, je n'ai pas été déçu.
Je pourrais difficilement poursuivre sans me dépêcher d'aborder la question de l'organe vocal de Jessica. Maniérée à souhait – les plus chatouilleux d'entre vous s'en formaliseront sans doute – cette voix est capable de se faire tout à tour languissante, incantatoire, romantique, acrobatique, burlesque, mystérieuse... théâtrale, en somme, et virtuose. Elle emprunte même les intonations de Laurie Anderson en une étrange percée spoken-word sur "The Smoking Tree". Une voix malléable donc, propre à se faire le véhicule du ton de l'album qui s'enfonce petit à petit dans la brume pour remonter dans le temps. A Sense of Growth : une croissance qui s'effectue à reculons au travers des époques et des styles musicaux. "Surronds, Surrounds Me" peint des paysages rétrofuturistes, nimbés de synthés crépusculaires que Vangelis n'aurait sans doute pas renié, une dystopie mélancolique. "Wherever You Go" se fait romantique avec des intonations de jazz vocal doucement désuettes. "A Sense of Growth" est assez indescriptible et donne l'air, à grands renforts de violons et de cuivres à bout de souffle, de ralentir le temps, comme pour s'arrêter et prendre l'élan pour faire le grand saut qu'est la merveilleuse "The Dream Dealer". Celle-ci est une impossible anachronie, entre chœurs solennels et harangue façon "Oyé! Oyé!" sur la place publique. À ce stade le saut dans le temps n'est pas loin d'être achevé. Alors que "The Smoking Tree" s'entame, l'impression est vivace d'assister à la naissance mystique d'une antique folksong... Nous sommes désormais en terre païenne, où sont vénérés des Dieux aujourd'hui oubliés, où se déroulent d'étranges et violentes cérémonies incantatoires, "Mercilessly Clear" donne l'impression de voir une créature antique invoquée par un culte émerger du brouillard.
L'album s'achève sur une folksong sans âge, abandonnant tout artifice électronique pour privilégier guitares, chœurs et drones d'instruments à cordes. Comme une preuve, peut-être, que Jessica a achevé son voyage et décidé de s'implanter dans cet âge Celte pour en adopter les sonorités. L'optimiste y verra l'occasion d'un futur album avec un tout nouveau monde à explorer, et cette dernière track en serait le teaser. Je croise les doigts !
Je pourrais difficilement poursuivre sans me dépêcher d'aborder la question de l'organe vocal de Jessica. Maniérée à souhait – les plus chatouilleux d'entre vous s'en formaliseront sans doute – cette voix est capable de se faire tout à tour languissante, incantatoire, romantique, acrobatique, burlesque, mystérieuse... théâtrale, en somme, et virtuose. Elle emprunte même les intonations de Laurie Anderson en une étrange percée spoken-word sur "The Smoking Tree". Une voix malléable donc, propre à se faire le véhicule du ton de l'album qui s'enfonce petit à petit dans la brume pour remonter dans le temps. A Sense of Growth : une croissance qui s'effectue à reculons au travers des époques et des styles musicaux. "Surronds, Surrounds Me" peint des paysages rétrofuturistes, nimbés de synthés crépusculaires que Vangelis n'aurait sans doute pas renié, une dystopie mélancolique. "Wherever You Go" se fait romantique avec des intonations de jazz vocal doucement désuettes. "A Sense of Growth" est assez indescriptible et donne l'air, à grands renforts de violons et de cuivres à bout de souffle, de ralentir le temps, comme pour s'arrêter et prendre l'élan pour faire le grand saut qu'est la merveilleuse "The Dream Dealer". Celle-ci est une impossible anachronie, entre chœurs solennels et harangue façon "Oyé! Oyé!" sur la place publique. À ce stade le saut dans le temps n'est pas loin d'être achevé. Alors que "The Smoking Tree" s'entame, l'impression est vivace d'assister à la naissance mystique d'une antique folksong... Nous sommes désormais en terre païenne, où sont vénérés des Dieux aujourd'hui oubliés, où se déroulent d'étranges et violentes cérémonies incantatoires, "Mercilessly Clear" donne l'impression de voir une créature antique invoquée par un culte émerger du brouillard.
L'album s'achève sur une folksong sans âge, abandonnant tout artifice électronique pour privilégier guitares, chœurs et drones d'instruments à cordes. Comme une preuve, peut-être, que Jessica a achevé son voyage et décidé de s'implanter dans cet âge Celte pour en adopter les sonorités. L'optimiste y verra l'occasion d'un futur album avec un tout nouveau monde à explorer, et cette dernière track en serait le teaser. Je croise les doigts !
Parfait 17/20 | par X_Wazoo |
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