Giant Sand

Paris [Le Trabendo] - mardi 19 avril 2016

Trente ans.
Ça fait donc trente ans que Howe Gelb, le Gandalf de l'Americana, célèbre la musique et le plaisir de jouer au sein de Giant Sand, attirant à lui une pléiade de musiciens talentueux, dont les plus connus restent encore Joey Burns et John Convertino, fondateurs de Calexico. Il a décidé de s'arrêter au sommet... Du plaisir. Pour devenir crooner de jazz, ou plus exactement se spécialiser dans ce rôle qu'il tient déjà dans pas mal de morceaux de ses derniers albums. Il se justifiera par une référence au poker (" c'est quand on a eu sa meilleure main qu'il faut quitter la table "), mais a-t-il besoin de se justifier ?
Dans cette ultime tournée, il a emmené l'un de ses admirateurs les plus fervents pour assurer ses premières parties : Jason Lytle, le fabuleux songwriter de Grandaddy. Qui est venu avec son guitariste, pour un duo d'une toute petite demi-heure, comprenant tout de même trois chansons de Grandaddy. J'ai fait l'erreur de le prendre à la légère, distrait par ses bidouillages électroniques tout droit sortis des jeux vidéo de mon défunt Amstrad. Et puis j'ai pris coup sur coup dans le buffet des versions light de "Now It's On" et "The Crystal Lake", suivies d'un bricolage-hommage à Bowie constitué d'une reprise du final de Quicksand. Et pour couronner le tout, après un petit speech sur Howe Gelb son idole, son deuxième père, il nous annonce un nouvel album de Grandaddy, dont il nous joue un titre, avant de quitter la scène. On tente sans y croire un rappel, on en aurait voulu encore un peu. Mais on n'a encore rien vu.

Howe se pointe sur scène et va directement au piano, pour " commencer ce dernier concert par sa prochaine tournée ". Accompagné par un batteur et un bassiste, les deux seuls musicos qui ne quitteront pas la scène de tout le concert, il enchaîne quelques-uns des standards de jazz (la plupart étant de sa composition, futurs standards, donc) qu'il ambitionne de jouer un jour au Duc des Lombards. Je ne connais que deux groupes capables de rendre le jazz excitant à mes oreilles : Tortoise et Giant Sand.
On glisse ensuite doucement du jazz vers la country, avant que n'entrent en piste les deux guitar heroes qui vont l'aider à emmener la soirée vers un rock bruyant et métissé : Brian Lopez et Gabriel Sullivan, deux talentueux compatriotes de Tucson, Arizona, revêtus comme les autres musicos de leurs plus beaux uniformes de cow-boys d'apparat.
Howe parle beaucoup entre les morceaux, joue sur les mots. La scène semble être son élément naturel, à ce cabotin facétieux. Il se transforme en Monsieur Loyal pour laisser chacun de ses musiciens y aller de sa petite composition : Maggie Björklund, la " déesse blonde " danoise et son pedalsteel magique, puis Brian et Gabriel, qui commencent le lendemain une tournée européenne tous les deux ; et enfin pour accueillir... Jason Lytle, venu chanter Hewlett's Daughter (de Grandaddy...) puis une chanson de Mark Linkous aka Sparklehorse, le tout accompagné par Giant Sand. Si l'on ajoute un petit hommage de Howe à Vic Chestnutt, les fantômes géniaux étaient nombreux au Trabendo... On n'oubliera pas la dernière à entrer en scène : Patsy Jean Gelb, venue doubler la voix de son papa sur trois chansons. Et quand vous pensez avoir tout vu, il reste le rappel : Winston Watson, premier batteur du groupe avant d'aller officier pour Dylan et quelques autres, vient aider les joyeux drilles à dynamiter un morceau du premier album.
Et puis arrive le tout dernier morceau, les dernières notes live de Giant Sand de ce côté-ci de l'Atlantique. Howe reste un moment sur scène à contempler l'ovation du public. On espère le convaincre de nous en refaire un dernier, un tout petit dernier, mais il finit par s'engouffrer dans les coulisses à la suite de sa joyeuse bande. C'en est fini de cette soirée inoubliable. Trente ans, et je ne les ai vus que deux fois...


Intemporel ! ! !   20/20
par Myfriendgoo


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