Peter Murphy
Paris [La Locomotive] - mardi 29 septembre 2009 |
Le concert était très attendu, car peu de groupes jouissent d'un culte aussi fervent que Bauhaus, peu d'artistes sont aussi respectés que son ex-chanteur Peter Murphy, vénéré par exemple par Trent Reznor.
La première partie, In Broken English, ayant été annulée au dernier moment, place est rapidement faite à Peter Murphy et ses hommes. Le fauve est lâché, le public dans la fosse peut frémir.
C'est sur "Burning From the Inside" que démarre ce concert exceptionnel. Le premier morceau du dernier album de Bauhaus, en 1983 (avant le nouveau et dernier album récent, suite à leur reformation, qu'on aura vite oublié), mais aussi le premier morceau joué par le groupe lors de sa deuxième tournée de reformation en 2005. Peter Murphy avait alors chanté ce titre presque en entier sans que l'on entende sa voix (à cause d'un problème technique), et sans doute a t-il voulu se rattraper aux yeux du public parisien. Et quelle voix ! Plus profonde, plus grave, plus basse que jamais, comme aucun autre chanteur, à un point presque surnaturel.
Les morceaux, surtout issus du prochain album solo de Peter Murphy dont il annonce la sortie pour le courant de l'année prochaine, s'enchainent sans faille, avec un groupe uni, un son très massif. Presque trop. Si le son n'est pas mauvais (la Loco a progressé de ce point de vue là), on peine un peu à distinguer les deux guitares. Deux Gibson saturées qui emplissent l'espace, une basse qui soulève les corps, une batterie qui pousse à bouger la tête. Seul gros reproche : les musiciens manquent de finesse et de sens de la nuance, leur jeu est trop monolithique.
Quant au "Prince of Darkness" du début des années 80 (une couronne qu'il a toujours refusé de porter, tout comme son successeur présumé Andrew Eldritch), il est très à l'aise et très en forme. Beaucoup plus que lors du dernier concert parisien de 2004, où il semblait ravagé par l'alcool ou les drogues, malgré sa conversion à l'islam, et était recroquevillé sur sa guitare. Le contraste est également saisissant avec les cheveux peroxydés, la barbe et la chemise hawaïenne qu'il arborait lors de ce concert. Tout de noir vêtu, il arpente ce soir sans relâche la scène de sa grâce féline, son jeu est très gestuel et expressif, presque expressionniste, comme aux grands jours de Bauhaus. Impériale et impérieuse, sa voix à la fois d'outre-tombe et sensuelle ne faiblira pas tout au long du concert.
La deuxième partie du show voit monter la tension. S'emparant de sa guitare acoustique 12 cordes, comme Bowie à l'époque glam, il joue "A Strange Kind Of Love", sans doute la meilleure chanson de son répertoire. Sur cette ballade magnifique et un peu mélancolique, l'entrelacement et l'enchevêtrement des trois guitares et de la basse mélodique tissent de subtiles arabesques arachnéennes, de complexes circonvolutions d'arpèges. Peter Murphy se met à entonner le refrain de "Bela Lugosi's Dead", premier single de Bauhaus en 1979, à la fin du morceau.
Puis, seul avec un Moog, il entame "In Every Dream Home A Heartache" de Roxy Music, le morceau le plus sombre du groupe, monument glam/prog déjà repris par Fields Of The Nephilim ou Rozz Williams et Gitane Demone. Après le "... but you blew my mind", le groupe le rejoint d'un seul coup, assénant à l'audience une déferlante sonore proprement apocalyptique.
Mais ce n'est qu'ensuite que les choses sérieuses commencent, du moins pour la majorité du public. Sont interprétés deux des plus grands tubes de Bauhaus, "The Passion Of Lovers" et "She's In Parties" (où Murphy joue cette fois du mélodica), deux morceaux qui mériteraient de figurer en très bonne place au sommet du panthéon du rock. L'interprétation n'est bien-sûr pas à la hauteur de celle du groupe originel, et on n'en mesure que mieux l'étendue du talent de ses trois musiciens respectifs, Daniel Ash, David J et Kevin Haskins. Mais ces versions sont pour le moins honnêtes, et Peter Murphy se fait plaisir, et à nous par la même occasion.
Pour le premier rappel, le groupe reprend "Ziggy Stardust" de Bowie (qui était jouée par Bauhaus au début des années 80), dans une très bonne version, "Transmission" de Joy Division (qui avait déjà été reprise par Bauhaus sur la tournée de 2005) dans une version très énergique et habitée, puis "Space Oddity" de ce même Bowie, dans une version ambient sans intérêt.
En second rappel, Peter Murphy et sa bande jouent un long morceau assez fade et mou du répertoire solo du chanteur, dont ils auraient pu se passer.
Si le concert n'aura pas été parfait, et pas à la hauteur de Bauhaus, on est au moins heureux d'avoir retrouvé un Peter Murphy en grande forme, charismatique (terme si galvaudé mais qui ici garde tout son sens et toute sa force) et généreux, qui a joué quelques titres de son ancien groupe, et quelques reprises attendues. C'est justement un peu là où le bât blesse : un show un peu bancal se voulant un compromis entre un concert de Peter Murphy en solo pour promouvoir son prochain album et un concert pour se faire plaisir en faisant des reprises, de son groupe Bauhaus, de son contemporain (à l'époque post-punk) Joy Division ou de ses influences David Bowie et Roxy Music. Autre faille, un son trop massif, qui a au moins l'avantage d'être très rock, mais avec des musiciens manquant un peu de finesse (malgré la présence du dernier guitariste de The Mission, mais qui est ici assez loin de son style habituel). Malgré toutes ces nuances, un très bon moment, qui n'a vraiment déçu personne.
La première partie, In Broken English, ayant été annulée au dernier moment, place est rapidement faite à Peter Murphy et ses hommes. Le fauve est lâché, le public dans la fosse peut frémir.
C'est sur "Burning From the Inside" que démarre ce concert exceptionnel. Le premier morceau du dernier album de Bauhaus, en 1983 (avant le nouveau et dernier album récent, suite à leur reformation, qu'on aura vite oublié), mais aussi le premier morceau joué par le groupe lors de sa deuxième tournée de reformation en 2005. Peter Murphy avait alors chanté ce titre presque en entier sans que l'on entende sa voix (à cause d'un problème technique), et sans doute a t-il voulu se rattraper aux yeux du public parisien. Et quelle voix ! Plus profonde, plus grave, plus basse que jamais, comme aucun autre chanteur, à un point presque surnaturel.
Les morceaux, surtout issus du prochain album solo de Peter Murphy dont il annonce la sortie pour le courant de l'année prochaine, s'enchainent sans faille, avec un groupe uni, un son très massif. Presque trop. Si le son n'est pas mauvais (la Loco a progressé de ce point de vue là), on peine un peu à distinguer les deux guitares. Deux Gibson saturées qui emplissent l'espace, une basse qui soulève les corps, une batterie qui pousse à bouger la tête. Seul gros reproche : les musiciens manquent de finesse et de sens de la nuance, leur jeu est trop monolithique.
Quant au "Prince of Darkness" du début des années 80 (une couronne qu'il a toujours refusé de porter, tout comme son successeur présumé Andrew Eldritch), il est très à l'aise et très en forme. Beaucoup plus que lors du dernier concert parisien de 2004, où il semblait ravagé par l'alcool ou les drogues, malgré sa conversion à l'islam, et était recroquevillé sur sa guitare. Le contraste est également saisissant avec les cheveux peroxydés, la barbe et la chemise hawaïenne qu'il arborait lors de ce concert. Tout de noir vêtu, il arpente ce soir sans relâche la scène de sa grâce féline, son jeu est très gestuel et expressif, presque expressionniste, comme aux grands jours de Bauhaus. Impériale et impérieuse, sa voix à la fois d'outre-tombe et sensuelle ne faiblira pas tout au long du concert.
La deuxième partie du show voit monter la tension. S'emparant de sa guitare acoustique 12 cordes, comme Bowie à l'époque glam, il joue "A Strange Kind Of Love", sans doute la meilleure chanson de son répertoire. Sur cette ballade magnifique et un peu mélancolique, l'entrelacement et l'enchevêtrement des trois guitares et de la basse mélodique tissent de subtiles arabesques arachnéennes, de complexes circonvolutions d'arpèges. Peter Murphy se met à entonner le refrain de "Bela Lugosi's Dead", premier single de Bauhaus en 1979, à la fin du morceau.
Puis, seul avec un Moog, il entame "In Every Dream Home A Heartache" de Roxy Music, le morceau le plus sombre du groupe, monument glam/prog déjà repris par Fields Of The Nephilim ou Rozz Williams et Gitane Demone. Après le "... but you blew my mind", le groupe le rejoint d'un seul coup, assénant à l'audience une déferlante sonore proprement apocalyptique.
Mais ce n'est qu'ensuite que les choses sérieuses commencent, du moins pour la majorité du public. Sont interprétés deux des plus grands tubes de Bauhaus, "The Passion Of Lovers" et "She's In Parties" (où Murphy joue cette fois du mélodica), deux morceaux qui mériteraient de figurer en très bonne place au sommet du panthéon du rock. L'interprétation n'est bien-sûr pas à la hauteur de celle du groupe originel, et on n'en mesure que mieux l'étendue du talent de ses trois musiciens respectifs, Daniel Ash, David J et Kevin Haskins. Mais ces versions sont pour le moins honnêtes, et Peter Murphy se fait plaisir, et à nous par la même occasion.
Pour le premier rappel, le groupe reprend "Ziggy Stardust" de Bowie (qui était jouée par Bauhaus au début des années 80), dans une très bonne version, "Transmission" de Joy Division (qui avait déjà été reprise par Bauhaus sur la tournée de 2005) dans une version très énergique et habitée, puis "Space Oddity" de ce même Bowie, dans une version ambient sans intérêt.
En second rappel, Peter Murphy et sa bande jouent un long morceau assez fade et mou du répertoire solo du chanteur, dont ils auraient pu se passer.
Si le concert n'aura pas été parfait, et pas à la hauteur de Bauhaus, on est au moins heureux d'avoir retrouvé un Peter Murphy en grande forme, charismatique (terme si galvaudé mais qui ici garde tout son sens et toute sa force) et généreux, qui a joué quelques titres de son ancien groupe, et quelques reprises attendues. C'est justement un peu là où le bât blesse : un show un peu bancal se voulant un compromis entre un concert de Peter Murphy en solo pour promouvoir son prochain album et un concert pour se faire plaisir en faisant des reprises, de son groupe Bauhaus, de son contemporain (à l'époque post-punk) Joy Division ou de ses influences David Bowie et Roxy Music. Autre faille, un son trop massif, qui a au moins l'avantage d'être très rock, mais avec des musiciens manquant un peu de finesse (malgré la présence du dernier guitariste de The Mission, mais qui est ici assez loin de son style habituel). Malgré toutes ces nuances, un très bon moment, qui n'a vraiment déçu personne.
Très bon 16/20 | par Gaylord |
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