Death From Above 1979
The Physical World |
Label :
Last Gang |
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Grainger et Keeler se retrouvent en 2011, mais ce n'est qu'en 2014, dix ans après le premier album, que sort ce The Physical World. Dix ans. On était encore dans le dance-rock jusqu'aux genoux et la formule de Death From Above 1979 en tirait quelques plans parfaits... Or que peut-il rester d'un petit duo basse-batterie certes fou-fou mais à la composition courte et qui, par certains aspects, a fait son temps ?
Il y a dix ans, les petits arrangements supplémentaires du titre final "Sexy Results" laissaient présumer, espérer, que le groupe donnait un indice annonçant une évolution, aussi minime soit-elle. L'apport d'autres musiciens, par exemple. Et puis en 2006, à la rupture, ce sont les errances de Keeler avec MSTRKRFT qui pouvaient laisser penser que si reformation il y avait, ça tenterait d'autres approches.
Mais, par la logique du groupe traité de "culte" dès qu'on est plus de six à aimer, et sous dictature actuelle du "c'était mieux avant", ce The Physical World se résume à "un disque de reformation" : on se REforme, en aucun cas on ne DÉforme. On refait ce qui a plu, on refait un succès (album rock de l'année au Canadza), et tout le monde est re-content. Raison pour laquelle on peut dire que c'est dommage, mais pas un drame. Il y a bien une ou deux frayeurs, dont l'ouverture de "Gemini" singeant un instant celle de "Turn It Out", entrée en matière du premier disque... Heureusement pour construire une chanson toute autre, nous incitant à ne pas trop juger l'album à l'aune de son prédécesseur. Ce qui compte, c'est ce que l'album a dans la caboche et dans le ventre. Et on s'aperçoit vite qu'il y a beaucoup à manger : rock 2000, heavy metal, dance-rock, punk...
Dans la caboche, il en a, c'est certain. Car en plus de ne pas altérer son identité, il y a une idée maline pour la mettre en valeur. Au lieu d'aller chercher d'autres musiciens ou de se planquer sous tout un attirail d'instruments, l'idée maline, c'est d'aller chercher Dave Sardy pour la production. Vraiment pas con. Pour ne pas rester empêtré dans la modeste réalisation du premier disque, le duo fait appel à l'ancienne tête-pensante de Barkmarket, dont on ne peut oublier les puissantes vibrations de guitares. L'orfèvre qui se cachait déjà derrière Rick Rubin sur les costauds One Hot Minute des Red Hot Chili Peppers puis éponyme de System Of A Down, qu'on retrouvera notamment aux commandes du Water & Solutions de Far, vise ici tout à fait juste. Y'a pas à dire, c'est plus propre, et la voix de Grainger, qui a largement eu le temps de consolider son chant, est mise en valeur comme jamais. Sa batterie autrefois bordélique, ici, n'encombre pas : basse et chant sont clairement contenus par les fûts puissants, dont seul Sardy semble détenir le secret, s'alimentant de temps à autres d'un peu de synthétique ou de sons clubbing.
À peine quelques arrangements, et tout pour la puissance rock saturée. Du coup, la grosse basse saturée et folle de Keeler hérite ici tellement des rondeurs des riffs de Barkmarket, qu'on a parfois l'impression d'entendre le trio lourd et baveux des années 90. Le véloce "Government Trash" est si fougueux qu'il brûle les pistes, sur le territoire du bon vieux heavy metal à papa.
Ce que l'album a dans la caboche sert alors directement ce qu'il a dans le ventre. Au détour d'un riff de salopard, on se régale à la fois de la patte de Death From Above 1979 qu'on a connu il y a dix ans, et des invocations plus lointaines encore du groupe de Sardy... tout du moins, de son savoir-faire en matière de puissance. Les deux sensations s'entremêlent plus d'une fois au cours du petit disque.
Petit, parce que pas le temps de s'ennuyer. La moitié des titres de l'album font moins de trois minutes ou tout juste, et bien qu'on a donc droit à une fournée de mêmes ingrédients dix ans après, ce qu'on nous donne à manger est toujours aussi comestible. Ne tient qu'à chacun d'y trouver de meilleurs ou moins bons titres... peut-être ceux-ci marqueront-ils moins les esprits, la surprise du duo basse-batterie étant passée depuis bien longtemps. Et pour tout dire, on n'a pas le temps de réfléchir : "Cheap Talk" démarre en trombe, "Right On, Frankenstein !" passe direct en quatrième avec une sortie en 4x4, puis laisse sa place au populaire "Virgins" dont les couleurs cimentent davantage l'album sur une route rock'n roll arpentée par d'autres artistes produits par Sardy, comme Jet ou Wolfmother.
Sans être catastrophique, choix étrange, ce "Trainwreck 1979" en guise de single radio, devant son motif principal à un remoulage de celui du bien meilleur "Black History Month" de You're A Woman, I'm A Machine. Il tombe en milieu d'album comme un entracte neutre, sans enjeu, surtout juste après le mid-tempo moins entraînant mais bien plus convaincant "White Is Red", petit noyau parfait. "Trainwreck 1979" se tape l'affiche comme une anecdote sage digne de virgule d'émission télé dans laquelle les gens mangent ou cherchent un appartement. Du gentil Nada Surf, dont on se dit que tout le plaisir et les subtilités doivent résider dans les paroles... Un coup de mou que "Nothin' Left" vient immédiatement revitaliser avec un autre riff ludique et son refrain plus accrocheur où scintillent quelques notes de synthé qu'on n'espérait plus.
La petite introduction electro de l'éponyme et dernier titre nous renvoie un instant à nos espérances – un groupe qui pourrait évoluer... avant de tirer sa révérence sur une composition légèrement plus heavy, excellente voire magistrale, avec une sortie en fanfare dans l'esprit metal. Grainger en profite alors pour rappeler qu'entre deux patterns pour faire danser les filles, il peut être un batteur plus qu'efficace ou rapide : impressionnant. Et on le rappelle : en plus, c'est lui qui chante... en même temps... en.même.temps.
Ça passe si vite qu'on ne peut que relancer le bordel immédiatement...
Il y a dix ans, les petits arrangements supplémentaires du titre final "Sexy Results" laissaient présumer, espérer, que le groupe donnait un indice annonçant une évolution, aussi minime soit-elle. L'apport d'autres musiciens, par exemple. Et puis en 2006, à la rupture, ce sont les errances de Keeler avec MSTRKRFT qui pouvaient laisser penser que si reformation il y avait, ça tenterait d'autres approches.
Mais, par la logique du groupe traité de "culte" dès qu'on est plus de six à aimer, et sous dictature actuelle du "c'était mieux avant", ce The Physical World se résume à "un disque de reformation" : on se REforme, en aucun cas on ne DÉforme. On refait ce qui a plu, on refait un succès (album rock de l'année au Canadza), et tout le monde est re-content. Raison pour laquelle on peut dire que c'est dommage, mais pas un drame. Il y a bien une ou deux frayeurs, dont l'ouverture de "Gemini" singeant un instant celle de "Turn It Out", entrée en matière du premier disque... Heureusement pour construire une chanson toute autre, nous incitant à ne pas trop juger l'album à l'aune de son prédécesseur. Ce qui compte, c'est ce que l'album a dans la caboche et dans le ventre. Et on s'aperçoit vite qu'il y a beaucoup à manger : rock 2000, heavy metal, dance-rock, punk...
Dans la caboche, il en a, c'est certain. Car en plus de ne pas altérer son identité, il y a une idée maline pour la mettre en valeur. Au lieu d'aller chercher d'autres musiciens ou de se planquer sous tout un attirail d'instruments, l'idée maline, c'est d'aller chercher Dave Sardy pour la production. Vraiment pas con. Pour ne pas rester empêtré dans la modeste réalisation du premier disque, le duo fait appel à l'ancienne tête-pensante de Barkmarket, dont on ne peut oublier les puissantes vibrations de guitares. L'orfèvre qui se cachait déjà derrière Rick Rubin sur les costauds One Hot Minute des Red Hot Chili Peppers puis éponyme de System Of A Down, qu'on retrouvera notamment aux commandes du Water & Solutions de Far, vise ici tout à fait juste. Y'a pas à dire, c'est plus propre, et la voix de Grainger, qui a largement eu le temps de consolider son chant, est mise en valeur comme jamais. Sa batterie autrefois bordélique, ici, n'encombre pas : basse et chant sont clairement contenus par les fûts puissants, dont seul Sardy semble détenir le secret, s'alimentant de temps à autres d'un peu de synthétique ou de sons clubbing.
À peine quelques arrangements, et tout pour la puissance rock saturée. Du coup, la grosse basse saturée et folle de Keeler hérite ici tellement des rondeurs des riffs de Barkmarket, qu'on a parfois l'impression d'entendre le trio lourd et baveux des années 90. Le véloce "Government Trash" est si fougueux qu'il brûle les pistes, sur le territoire du bon vieux heavy metal à papa.
Ce que l'album a dans la caboche sert alors directement ce qu'il a dans le ventre. Au détour d'un riff de salopard, on se régale à la fois de la patte de Death From Above 1979 qu'on a connu il y a dix ans, et des invocations plus lointaines encore du groupe de Sardy... tout du moins, de son savoir-faire en matière de puissance. Les deux sensations s'entremêlent plus d'une fois au cours du petit disque.
Petit, parce que pas le temps de s'ennuyer. La moitié des titres de l'album font moins de trois minutes ou tout juste, et bien qu'on a donc droit à une fournée de mêmes ingrédients dix ans après, ce qu'on nous donne à manger est toujours aussi comestible. Ne tient qu'à chacun d'y trouver de meilleurs ou moins bons titres... peut-être ceux-ci marqueront-ils moins les esprits, la surprise du duo basse-batterie étant passée depuis bien longtemps. Et pour tout dire, on n'a pas le temps de réfléchir : "Cheap Talk" démarre en trombe, "Right On, Frankenstein !" passe direct en quatrième avec une sortie en 4x4, puis laisse sa place au populaire "Virgins" dont les couleurs cimentent davantage l'album sur une route rock'n roll arpentée par d'autres artistes produits par Sardy, comme Jet ou Wolfmother.
Sans être catastrophique, choix étrange, ce "Trainwreck 1979" en guise de single radio, devant son motif principal à un remoulage de celui du bien meilleur "Black History Month" de You're A Woman, I'm A Machine. Il tombe en milieu d'album comme un entracte neutre, sans enjeu, surtout juste après le mid-tempo moins entraînant mais bien plus convaincant "White Is Red", petit noyau parfait. "Trainwreck 1979" se tape l'affiche comme une anecdote sage digne de virgule d'émission télé dans laquelle les gens mangent ou cherchent un appartement. Du gentil Nada Surf, dont on se dit que tout le plaisir et les subtilités doivent résider dans les paroles... Un coup de mou que "Nothin' Left" vient immédiatement revitaliser avec un autre riff ludique et son refrain plus accrocheur où scintillent quelques notes de synthé qu'on n'espérait plus.
La petite introduction electro de l'éponyme et dernier titre nous renvoie un instant à nos espérances – un groupe qui pourrait évoluer... avant de tirer sa révérence sur une composition légèrement plus heavy, excellente voire magistrale, avec une sortie en fanfare dans l'esprit metal. Grainger en profite alors pour rappeler qu'entre deux patterns pour faire danser les filles, il peut être un batteur plus qu'efficace ou rapide : impressionnant. Et on le rappelle : en plus, c'est lui qui chante... en même temps... en.même.temps.
Ça passe si vite qu'on ne peut que relancer le bordel immédiatement...
Parfait 17/20 | par X_YoB |
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