Jacques Higelin
Champagne Pour Tout Le Monde ... |
Label :
Pathé Marconi |
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Ca vaut ce que ça vaut. Un gars de même pas vingt ans qui essaie de chroniquer un disque d'Higelin ... Comme une impression de s'attaquer à un monument du patrimoine national, un bijou d'une époque à laquelle on ne devrait même pas penser. Mais malgré tout, on se lance. Par l'album le plus accessible et le plus célèbre de l'artiste, la première partie du diptyque "Champagne et Caviar", sorti en 1979. L'oeuvre d'Higelin est tellement énorme, tellement éclectique que s'y perdre est chose aisée. Commencer par "Champagne ..." est en quelque sorte une façon de se choisir un point fixe.
C'est une vision d'ensemble de l'oeuvre de l'artiste. C'est un Higelin caméléon qui se révèle ici, s'attardant sur divers genres qui ont pu lui donner une densité artistique si rarement atteinte en France. Chaque morceau véhicule une ambiance déjantée, colorée tout en étant assez effrayante. Comme une fanfare sous LSD, surréaliste au possible. Ce sont des vignettes d'un autre monde, vision personelle et poétique de plusieurs sujets plus ou moins grave. Le morceau d'ouverture "Champagne" est particulièrement représentatif de la coloration de l'album. Invoquant le diable à sa grande fête halluciné, Higelin joue au M. Loyal dandy de pleine lune. C'est une descente dans un tourbillon d'image sombre, presque grand guignol que nous offre Higelin. Une évasion paradoxale dans un enfer étouffant et néanmoins séduisant. Les paroles surréalistes donnent d'entrée de jeu une impression de sombrer dans cette farandole grandiose et épouvantable à la fois.
"Cayenne" offre un tout autre visage, plus langoureux et rappelant les préoccupations à la fois politique et poétique d'Higelin. Mais cette accalmie reste néanmoins lourde. Les arrangements somptueux déployés tout au long de l'album servent ici à évoquer une jungle humide au possible, bas-fond naturel qui répond aux ambiances de bar sordides de morceaux comme "L'attentat à la pudeur" et "Ah La La Quelle Vie Qu'cette Vie". S'entourant d'une troupe éclectique et plus actrice que musicienne, ce sont de véritables mini-films pour les oreilles qui nous sont donnés à vivre plus qu'écouter. Parfois éreintant, mais toujours fascinant, ces aventures sont orchestrées par un Higelin multi-tâche, chanteur, meneur, acteur et au sommet de son art.
Moins rock'n roll, revenant à ses racines jazz, Higelin est le parfait dandy excentrique venant donner une teinte à la fin du règne giscardien. Il n'est pas difficile de comprendre l'engouement des jeunes de l'époque pour l'artiste, à l'opposée du punk, mais néanmoins bien plus iconoclaste et désabbusé. Derrière les airs blasés, les cris et rugissements démoniaques scandés par un Higelin complètement barré, ses diatribbes dissimulées derrière une apparente folie, un réel talent mélodique se déploie, comme sur "Captain Bloddy samourai", nettement plus rock.
Mais ceci n'est pas le plus important. Le plus important, c'est qu'Higelin réveille, rameute les gens dans son univers bariolé et poétique à mille lieux de la grisaille et de la routine ambiante. Higelin, c'est la Frane qui s'évade. Parfois pour tomber plus bas, contre une certaine santé mentale ("Captain Bloody Samourai, cherche la faille, dans son cerveau qui déraille"), mais qui renoue avec la poésie de la paresse et de la fête. Le "Vague à l'âme" final en est la preuve. On se libère, on sombre, vole et se repose, tout en tournoyant encore et encore, jusqu'à atteindre cet état de plénitude tant recherché. "Champagne ...", c'est la liberté au bout de tous les excès.
C'est une vision d'ensemble de l'oeuvre de l'artiste. C'est un Higelin caméléon qui se révèle ici, s'attardant sur divers genres qui ont pu lui donner une densité artistique si rarement atteinte en France. Chaque morceau véhicule une ambiance déjantée, colorée tout en étant assez effrayante. Comme une fanfare sous LSD, surréaliste au possible. Ce sont des vignettes d'un autre monde, vision personelle et poétique de plusieurs sujets plus ou moins grave. Le morceau d'ouverture "Champagne" est particulièrement représentatif de la coloration de l'album. Invoquant le diable à sa grande fête halluciné, Higelin joue au M. Loyal dandy de pleine lune. C'est une descente dans un tourbillon d'image sombre, presque grand guignol que nous offre Higelin. Une évasion paradoxale dans un enfer étouffant et néanmoins séduisant. Les paroles surréalistes donnent d'entrée de jeu une impression de sombrer dans cette farandole grandiose et épouvantable à la fois.
"Cayenne" offre un tout autre visage, plus langoureux et rappelant les préoccupations à la fois politique et poétique d'Higelin. Mais cette accalmie reste néanmoins lourde. Les arrangements somptueux déployés tout au long de l'album servent ici à évoquer une jungle humide au possible, bas-fond naturel qui répond aux ambiances de bar sordides de morceaux comme "L'attentat à la pudeur" et "Ah La La Quelle Vie Qu'cette Vie". S'entourant d'une troupe éclectique et plus actrice que musicienne, ce sont de véritables mini-films pour les oreilles qui nous sont donnés à vivre plus qu'écouter. Parfois éreintant, mais toujours fascinant, ces aventures sont orchestrées par un Higelin multi-tâche, chanteur, meneur, acteur et au sommet de son art.
Moins rock'n roll, revenant à ses racines jazz, Higelin est le parfait dandy excentrique venant donner une teinte à la fin du règne giscardien. Il n'est pas difficile de comprendre l'engouement des jeunes de l'époque pour l'artiste, à l'opposée du punk, mais néanmoins bien plus iconoclaste et désabbusé. Derrière les airs blasés, les cris et rugissements démoniaques scandés par un Higelin complètement barré, ses diatribbes dissimulées derrière une apparente folie, un réel talent mélodique se déploie, comme sur "Captain Bloddy samourai", nettement plus rock.
Mais ceci n'est pas le plus important. Le plus important, c'est qu'Higelin réveille, rameute les gens dans son univers bariolé et poétique à mille lieux de la grisaille et de la routine ambiante. Higelin, c'est la Frane qui s'évade. Parfois pour tomber plus bas, contre une certaine santé mentale ("Captain Bloody Samourai, cherche la faille, dans son cerveau qui déraille"), mais qui renoue avec la poésie de la paresse et de la fête. Le "Vague à l'âme" final en est la preuve. On se libère, on sombre, vole et se repose, tout en tournoyant encore et encore, jusqu'à atteindre cet état de plénitude tant recherché. "Champagne ...", c'est la liberté au bout de tous les excès.
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Bona |
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