Daïtro

Laisser Vivre Les Squelettes

Laisser Vivre Les Squelettes

 Label :     Red Cars Go Faster 
 Sortie :    2005 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Fers de lance d'une scène screamo française en pleine ébullition en ce début de millénaire, Daïtro publiait en 2005 son deuxième LP, Laisser Vivre Les Squelettes. Après quelques changements de line-up (nouvel occupant au micro) et en ayant côtoyé des formations aussi prestigieuses que Raein, on retrouve Daïtro dans le hardcore noisy et torturé qui avait fait sa réputation au sein de l'Hexagone et dans l'esprit DIY des adeptes de la scène screamo.

Ainsi, l'album se veut viscéral, dévoilant des émotions à fleur de peau (quitte à faire cliché) à travers ce chant hurlé et ces textes soigneusement ficelés. Les Lyonnais semblent maîtriser la force de frappe mais également les passages plus aériens, à coups de longs repos instrumentaux, annonçant généralement une tempête de cris déchirants, de guitares tranchantes et de rage. Mais Laisser Vivre Les Squelettes ne s'arrête pas là ; entre le final poignant de "Les Orbites en éveil" et les arpèges glacés de "Comme du papier", l'album dessine peu à peu une ambiance à la fois macabre et pessimiste.
Les textes jouent également un rôle majeur tout au long de ce LP, fortement imprégné d'un certain romantisme pointant d'un doigt implicite le mal-être de nos sociétés contemporaines, avec beaucoup de métaphores et de symbolisme. La contestation et l'engagement sont donc à souligner dans ce Laisser Vivre Les Squelettes, comme peut en témoigner le magnifique "Trois murs pour la salle de torture", texte écrit par le poète palestinien Mouin Bsissou (1927 - 1984), condamné à la prison et à l'exil. Le ton est donné...

Laisser Vivre Les Squelettes est donc une œuvre très intéressante pour tout initié au véritable screamo. Des phrasés hardcore jusqu'aux voix monocordes récitant des textes pessimistes et chargés d'émotion, l'intensité est palpable dans la musique de Daïtro, quelque part entre rage punk hardcore et échappées instrumentales qui évoquent le post-rock si souvent métissé au screamo, rappelant autant leurs homologues toulousains de Sed Non Satiata que les légendaires Envy. Moins conceptuel qu'un Mihai Edrisch mais plus urgent, plus brut, Daïtro ne réinvente ni le punk ni le hardcore à travers cet album mais éduque : "apprenez pour comprendre"...


Sympa   14/20
par Pumpkin Ben


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