David Pajo
Pajo |
Label :
Drag City |
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Deux ans après le relatif échec artistique et humain de Zwan, David Pajo nous revient avec un nouvel avatar. La séparation de Zwan a laissé des traces chez tous les protagonistes du groupe, et a un temps occupé les journalistes amateurs d'histoires croustillantes. Pourtant, pendant la tournée de Zwan, Pajo, lui, préparait déjà le terrain pour la suite, patiemment et discrètement, comme toujours chez lui. Témoin la série des six simples sortis en 2003 sous le nom de Papa M (dix sept titres en tout): Pajo y reprenait sa guitare acoustique, enregistrant des titres à la va vite dans ses chambres d'hôtel, dans la lignée musicale de Whatever, Mortal.
Ce premier album éponyme sous son propre nom poursuit cette évolution. Pajo dépouille de plus en plus sa musique, et se dévoile, se met à nu. L'aventure post rock s'éloigne progressivement, perceptible ici uniquement dans le dernier morceau, "Francie". Pour combler le vide créé par cette prise de distance, Pajo convoque quelques fantômes du folk: le Smog de Julius Caesar ou le Lou Barlow d'Emoh pour l'esprit lo-fi dans lequel le disque a été conçu et enregistré (une guitare, la voix, et un logiciel musical des plus basiques), Elliott Smith pour l'ambiance générale des compositions et pour la voix, notamment sur "Icicles", mais aussi Simon & Garfunkel, le temps d'un "Manson Twins" aux évidents parfums de Sounds of Silence.
A l'écoute de ce disque, on est d'abord agréablement surpris par le potentiel de Pajo à la guitare. Au long des dix morceaux, le bonhomme nous déroule son savoir-faire avec un naturel et une finesse assez ahurissants. Par exemple dans "Ten More Days", alternant avec brio fingerpicking et accords, ou dans "High Lonesome Moan" et "Mary of the Wild Moor". Mais Pajo n'est pas seulement un bon guitariste. "Baby Please Come Home", avec ses superpositions de guitares, ses choeurs, ses nappes électro, démontre plus largement ses qualités de compositeur et d'arrangeur. Des boucles électro, justement, il s'en trouve beaucoup sur cet album. Elles ont le mérite de donner une couleur bien particulière à son folk, mais le résultat n'est pas toujours heureux, comme sur la fin de "Manson Twins", avec cette rythmique primesautière en complet décalage avec le reste du morceau.
Même si ce premier album éponyme de Pajo souffre de quelques maladresses, l'ensemble s'avère très réussi, dans le style folk intimiste et dépouillé. Le ton est tout à la fois mélancolique et chaleureux, naïf et travaillé. Certes, David Pajo n'est pas un grand chanteur, mais il met intelligemment sa voix au service de sa musique. Certes, David Pajo n'est pas non plus un songwriter achevé (voir les paroles de "Manson Twins" ou de "Baby Please Come Home"), mais "Mary of the Wild Moor" ou "Francie" laissent présager de bonnes choses de ce point de vue. On espère seulement que David Pajo persévérera quelques années dans ses productions sous ce nom, car, à considérer sa discographie, on finit par perdre son latin!
A écouter en priorité: "Ten More Days", "High Lonesome Moan", "Baby Please Come Home", "Francie".
Ce premier album éponyme sous son propre nom poursuit cette évolution. Pajo dépouille de plus en plus sa musique, et se dévoile, se met à nu. L'aventure post rock s'éloigne progressivement, perceptible ici uniquement dans le dernier morceau, "Francie". Pour combler le vide créé par cette prise de distance, Pajo convoque quelques fantômes du folk: le Smog de Julius Caesar ou le Lou Barlow d'Emoh pour l'esprit lo-fi dans lequel le disque a été conçu et enregistré (une guitare, la voix, et un logiciel musical des plus basiques), Elliott Smith pour l'ambiance générale des compositions et pour la voix, notamment sur "Icicles", mais aussi Simon & Garfunkel, le temps d'un "Manson Twins" aux évidents parfums de Sounds of Silence.
A l'écoute de ce disque, on est d'abord agréablement surpris par le potentiel de Pajo à la guitare. Au long des dix morceaux, le bonhomme nous déroule son savoir-faire avec un naturel et une finesse assez ahurissants. Par exemple dans "Ten More Days", alternant avec brio fingerpicking et accords, ou dans "High Lonesome Moan" et "Mary of the Wild Moor". Mais Pajo n'est pas seulement un bon guitariste. "Baby Please Come Home", avec ses superpositions de guitares, ses choeurs, ses nappes électro, démontre plus largement ses qualités de compositeur et d'arrangeur. Des boucles électro, justement, il s'en trouve beaucoup sur cet album. Elles ont le mérite de donner une couleur bien particulière à son folk, mais le résultat n'est pas toujours heureux, comme sur la fin de "Manson Twins", avec cette rythmique primesautière en complet décalage avec le reste du morceau.
Même si ce premier album éponyme de Pajo souffre de quelques maladresses, l'ensemble s'avère très réussi, dans le style folk intimiste et dépouillé. Le ton est tout à la fois mélancolique et chaleureux, naïf et travaillé. Certes, David Pajo n'est pas un grand chanteur, mais il met intelligemment sa voix au service de sa musique. Certes, David Pajo n'est pas non plus un songwriter achevé (voir les paroles de "Manson Twins" ou de "Baby Please Come Home"), mais "Mary of the Wild Moor" ou "Francie" laissent présager de bonnes choses de ce point de vue. On espère seulement que David Pajo persévérera quelques années dans ses productions sous ce nom, car, à considérer sa discographie, on finit par perdre son latin!
A écouter en priorité: "Ten More Days", "High Lonesome Moan", "Baby Please Come Home", "Francie".
Bon 15/20 | par Ershibai |
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