The Lemon Twigs

Les autres peuvent être chiants et de toute façon ça nous est arrivé à tous. Combien de livres/films/séries/disques avons-nous volontairement zappé simplement parce qu'on en a été saoulé avant même d'y tremper nos lèvres ? Certains vilains a priori ne disparaissent pour l'instant pas avec le temps (non, je n'écouterai pas The Cure ni PJ Harvey), d'autres s'envolent. Avec leurs deux gueules de petits cons prétentieux sortis d'un épisode de That 70's Show et la branlette critique qui leur sert de shampoing (comment peut-on avoir les cheveux aussi gras ?), les frères D'Addario étaient persona non grata. Alors comment et pourquoi a-t-on eu envie d'écouter Everything Harmony de The Lemon Twigs, nul ne le sait. Toujours est-il que dès la première écoute, on est tombé sous le charme. Les mecs aiment Big Star ("What You Were Doing"). Ils aiment les Beach Boys ("Corner Of My Eye", "I Don't Belong To Me"). Ils harmonisent dans des aigus dignes des Bee Gees ("Any Time Of The Day"), c'est dire si leurs pantalons pattes d'eph' sont serrés à l'entre jambe. Everything Harmony est d'une beauté calme enivrante. De ce qu'on se souvient du quart de seconde d'attention qu'on leur avait accordé à l'époque –histoire d'honnêteté intellectuelle- ce nouvel album est bien moins dans la démonstration et l'emphase que les précédents. Guitares principalement débranchées, piano et harmonies vocales dominent. Extrêmement mélodiques et accrocheuses, les chansons des frangins s'en sortent aussi bien lorsqu'elles se contentent de peu ("Every Is The Worst Day Of My Life") que lorsqu'elles s'adonnent à des arrangements baroques délicieux ("What Happens To A Heart"). Assez mélancolique et amer (superbe "Born To Be Lonely") mais retrouvant des glucides en fin d'album (la chanson titre, "Ghosts Run Free", dans un monde idéal...) Everything Harmony squatte nos oreilles depuis quelques semaines. Superbe album, bien mieux que les précédents qu'on se refuse de réévaluer ou déflorer car on sait pertinemment qu'ils sont mauvais hein...