Adrianne Lenker
Songs & Instrumentals |
Label :
4AD |
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Cette année de confinements successifs aura vu éclore des oeuvres imprévues. Songs & Instrumentals est à mettre au crédit d'une tournée européenne écourtée. Big thief se trouvait au Danemark quand le monde s'est suspendu une première fois cette année. Retour aux Etats-Unis, dans le Massassuchets près de sa soeur pour Adrianne Lenker.
Elle raconte s'être isoler avec Phil Weinrobe (producteur, ingénieur du son, etc) dans les bois avec ce qu'il faut pour enregistrer. Quelques semaines entre fin avril et fin mai ont donné naissance à un des plus beaux albums de ces dernières années sobrement intitulé Songs, et à Instrumentals, un disque plus curieux. Dans les deux cas, il s'agit de disques simples, intemporels au sens où ils ne sont pas datables. Une guitare, et l'instrument le plus humain : une voix. Avec pour uniques artifices la participation (in)volontaire et si agréable d'oiseaux, du vent, de la pluie et autres apports de la nature.
La plupart des morceaux sont nés sur place, tels des animaux sauvages, dans ces petites montagnes du Berkshire ; région connue pour ces forêts multicolores, ces lacs et rivières, bruissant de la vie nouvelle du printemps, ce que l'aquarelle qui fait office de pochette illustre bien. Et cet isolement, ce dénuement a été propice à la création. Adrianne Lenker y a passé des journées à jouer et à improviser sur sa guitare, puis à tamiser avec Phil Weinrobe ce qui allait devenir ces onze chansons.
Instrumentals propose deux longs titres. D'abord "Music For Indigo", une vingtaine de minutes de guitare à l'os, diverses improvisations mêlées aux bruits alentours, à la pluie et au silence. J'imagine que c'est ainsi que sont nés les chansons de Songs. Puis "Mostly Chimes", d'un bon quart d'heure, débute par plusieurs minutes de guitare, puis on entend des clochettes, probablement agitées par le vent, et divers bruits, des oiseaux, des grenouilles m'a t-il semblé. C'est étrangement apaisant malgré une absence totale de mélodie ou de rythme. Des bouts de musique qui pourraient servir de bande-son aux écrits de John Muir ou de Jean-Jacques Audubon.
C'est un disque qui s'apprivoise, je ne l'ai pas apprécié aux premiers abords. C'est en y revenant plus tard, après les nombreuses écoutes de Songs que le plaisir s'est arrimé.
Ce qui germait dans Instrumentals prend vie dans Songs, et ce sont autant des chansons que des fleurs graciles qui nous sont offertes.
Ce qui frappe dès le début c'est le contraste entre la voix de porcelaine, lisse et enfantine d'Adrianne Lenker, et son jeu de guitare, qu'elle semble remarquablement maîtriser.
L'album oscille entre langueurs, introspections contemplatives, joies rudimentaires. Les chansons sont d'une grande douceur, apaisantes pour les unes, belles à pleurer pour les autres. C'est la cas de "Come", elle y meurt et console son enfant. Sa voix y est un peu plus haute et voilée, puis s'efface doucement. En étant attentif, on entend le grésillement des bûches au feu, ses doigts crissés sur les cordes, ses respirations. C'est modeste, humble et tellement puissant...juste quelques minutes en suspens.
A plusieurs reprises, j'ai pensé aux touts premiers enregistrements de Joni Mitchell, ses premiers concerts vers 1966-67, mais finalement, s'il y avait un rapprochement probable ce serait avec "River Man", le chef d'oeuvre de Nick Drake. C'est en écoutant "My Angel" que j'ai trouvé, non une influence, mais un voisinage : le partage d'une émotion précieuse.
Dans une vidéo où Adrianne Lenker interprète "Zombie Girl" on voit des images de l'endroit où a eu lieu l'enregistrement, une baraque en bois, un poêle pour chauffer, et des arbres, des bouleaux, des pins et sapins par dizaines, une rivière, un ciel grandeur nature...que rêver de mieux finalement pour cette période mortifère.
Ce retour solo prématuré deux ans après Abysskiss est un cadeau, un contrepied à notre actualité aussi désolante que révoltante.
Elle raconte s'être isoler avec Phil Weinrobe (producteur, ingénieur du son, etc) dans les bois avec ce qu'il faut pour enregistrer. Quelques semaines entre fin avril et fin mai ont donné naissance à un des plus beaux albums de ces dernières années sobrement intitulé Songs, et à Instrumentals, un disque plus curieux. Dans les deux cas, il s'agit de disques simples, intemporels au sens où ils ne sont pas datables. Une guitare, et l'instrument le plus humain : une voix. Avec pour uniques artifices la participation (in)volontaire et si agréable d'oiseaux, du vent, de la pluie et autres apports de la nature.
La plupart des morceaux sont nés sur place, tels des animaux sauvages, dans ces petites montagnes du Berkshire ; région connue pour ces forêts multicolores, ces lacs et rivières, bruissant de la vie nouvelle du printemps, ce que l'aquarelle qui fait office de pochette illustre bien. Et cet isolement, ce dénuement a été propice à la création. Adrianne Lenker y a passé des journées à jouer et à improviser sur sa guitare, puis à tamiser avec Phil Weinrobe ce qui allait devenir ces onze chansons.
Instrumentals propose deux longs titres. D'abord "Music For Indigo", une vingtaine de minutes de guitare à l'os, diverses improvisations mêlées aux bruits alentours, à la pluie et au silence. J'imagine que c'est ainsi que sont nés les chansons de Songs. Puis "Mostly Chimes", d'un bon quart d'heure, débute par plusieurs minutes de guitare, puis on entend des clochettes, probablement agitées par le vent, et divers bruits, des oiseaux, des grenouilles m'a t-il semblé. C'est étrangement apaisant malgré une absence totale de mélodie ou de rythme. Des bouts de musique qui pourraient servir de bande-son aux écrits de John Muir ou de Jean-Jacques Audubon.
C'est un disque qui s'apprivoise, je ne l'ai pas apprécié aux premiers abords. C'est en y revenant plus tard, après les nombreuses écoutes de Songs que le plaisir s'est arrimé.
Ce qui germait dans Instrumentals prend vie dans Songs, et ce sont autant des chansons que des fleurs graciles qui nous sont offertes.
Ce qui frappe dès le début c'est le contraste entre la voix de porcelaine, lisse et enfantine d'Adrianne Lenker, et son jeu de guitare, qu'elle semble remarquablement maîtriser.
L'album oscille entre langueurs, introspections contemplatives, joies rudimentaires. Les chansons sont d'une grande douceur, apaisantes pour les unes, belles à pleurer pour les autres. C'est la cas de "Come", elle y meurt et console son enfant. Sa voix y est un peu plus haute et voilée, puis s'efface doucement. En étant attentif, on entend le grésillement des bûches au feu, ses doigts crissés sur les cordes, ses respirations. C'est modeste, humble et tellement puissant...juste quelques minutes en suspens.
A plusieurs reprises, j'ai pensé aux touts premiers enregistrements de Joni Mitchell, ses premiers concerts vers 1966-67, mais finalement, s'il y avait un rapprochement probable ce serait avec "River Man", le chef d'oeuvre de Nick Drake. C'est en écoutant "My Angel" que j'ai trouvé, non une influence, mais un voisinage : le partage d'une émotion précieuse.
Dans une vidéo où Adrianne Lenker interprète "Zombie Girl" on voit des images de l'endroit où a eu lieu l'enregistrement, une baraque en bois, un poêle pour chauffer, et des arbres, des bouleaux, des pins et sapins par dizaines, une rivière, un ciel grandeur nature...que rêver de mieux finalement pour cette période mortifère.
Ce retour solo prématuré deux ans après Abysskiss est un cadeau, un contrepied à notre actualité aussi désolante que révoltante.
Parfait 17/20 | par NicoTag |
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