Let's Active
Big Plans For Everybody |
Label :
I.R.S. |
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Le courant jangle pop a, tout au long des 1980s, produit des camions entiers de groupes ; pourtant combien, à part R.E.M. aux Etats-Unis et les Smiths au Royaume-Uni, sont parvenus à marquer la conscience rock collective ? La jangle pop aura été surtout un courant underground, agonisant à l'aube des 1990s, au moment où d'autres mouvements frères allaient percer et connaître leur quart d'heure de gloire. The dB's, The Feelies, Game Theory, The Primitives, Let's Active, Pylon, Felt ou encore Guadalcanal Diary : autant de groupes admirables qui ont créé quelques-unes des plus belles pop songs des années 1980, contribuant à l'excellence de cette décennie, bien plus exaltante que ce que les clichés voudraient faire paraître.
On retrouve dans le nom du groupe qui nous occupe ici le dynamisme, mais aussi le côté parfois saugrenu de la pop : Let's Active. Conçu autour de trois figures, le groupe originaire de Caroline de Nord va assez vite devenir avant tout le projet de Mitch Easter, leader, guitariste, chanteur, principal compositeur et producteur – dans le milieu rock, il est d'ailleurs plus connu pour cette dernière fonction, ayant produit, entre autres, les premiers disques de R.E.M. Agité par une line-up régulièrement en évolution, l'aventure Let's Active ne passera pas le cap des nineties, mais accouchera tout de même, entre 1983 et 1988, d'un EP et de trois albums, dont Big Plans For Everybody (1986), l'une de leurs meilleures fournées.
Si l'on compare Big Plans For Everybody avec les premiers disques, on remarque immédiatement une évolution dans le son : la texture froide et un peu new-wave de Afoot (1983) et Cypress (1984) a muté en quelque chose de plus brillant et accessible – un mouvement presque naturel vécu par nombre d'artistes à l'époque, mais qui n'entache ici en rien les qualités d'écriture de Mitch Easter. On commence avec quelques notes de piano, une batterie, avant qu'une superbe guitare ne vienne s'ajouter : "In Little Ways" – l'obscur single de l'album qui a pourtant tout d'un classique : une mélodie pop et punchy, une guitare à tomber, un très bon solo et un très beau final où le piano reprend le dessus. Les morceaux que composent Big Plans For Everybody sont tous mémorables : "Writing The Book Of Last Pages", "Fell", "Still Dark Out", ou encore le mélancolique "Reflecting Pool" – bande son idéale pour contempler un coucher de soleil en été. Citons aussi "Badger", logé en position centrale sur l'album, qui est, pour moi, l'un des sommets du disque : superbe morceau mélancolique, qui commence à la guitare acoustique, et se termine avec un splendide solo à la guitare électrique. Il y a cinq ou six ans, un soir d'été, j'étais au bord d'un lac avec un ami, on avait un peu bu, et je devais être triste, car on n'écoute pas "Badger" spontanément si on n'a pas le spleen : j'ai mis cette chanson sur mon téléphone portable ; le final m'a évidemment mouillé les yeux.
Trente années ont passé et le son témoigne de son époque ; les chansons, cependant, excellentes dans leur genre, suscitent toujours beaucoup de plaisir. Big Plans For Everybody est un incontournable pour tous ceux qui apprécient la jangle pop. Le dernier opus du groupe, Every Dog Has His Day, aux sonorités plus brutes et habité par une envie de séduire un public plus large, sortira deux ans plus tard, porté par un single éponyme qui ne sera rien de plus qu'un hit mineur sur quelques radios rock américaines. Au tournant de la nouvelle décennie, les groupes de rock alternatif, et ses sous-genres, perceront dans le mainstream ou ne seront plus.
On retrouve dans le nom du groupe qui nous occupe ici le dynamisme, mais aussi le côté parfois saugrenu de la pop : Let's Active. Conçu autour de trois figures, le groupe originaire de Caroline de Nord va assez vite devenir avant tout le projet de Mitch Easter, leader, guitariste, chanteur, principal compositeur et producteur – dans le milieu rock, il est d'ailleurs plus connu pour cette dernière fonction, ayant produit, entre autres, les premiers disques de R.E.M. Agité par une line-up régulièrement en évolution, l'aventure Let's Active ne passera pas le cap des nineties, mais accouchera tout de même, entre 1983 et 1988, d'un EP et de trois albums, dont Big Plans For Everybody (1986), l'une de leurs meilleures fournées.
Si l'on compare Big Plans For Everybody avec les premiers disques, on remarque immédiatement une évolution dans le son : la texture froide et un peu new-wave de Afoot (1983) et Cypress (1984) a muté en quelque chose de plus brillant et accessible – un mouvement presque naturel vécu par nombre d'artistes à l'époque, mais qui n'entache ici en rien les qualités d'écriture de Mitch Easter. On commence avec quelques notes de piano, une batterie, avant qu'une superbe guitare ne vienne s'ajouter : "In Little Ways" – l'obscur single de l'album qui a pourtant tout d'un classique : une mélodie pop et punchy, une guitare à tomber, un très bon solo et un très beau final où le piano reprend le dessus. Les morceaux que composent Big Plans For Everybody sont tous mémorables : "Writing The Book Of Last Pages", "Fell", "Still Dark Out", ou encore le mélancolique "Reflecting Pool" – bande son idéale pour contempler un coucher de soleil en été. Citons aussi "Badger", logé en position centrale sur l'album, qui est, pour moi, l'un des sommets du disque : superbe morceau mélancolique, qui commence à la guitare acoustique, et se termine avec un splendide solo à la guitare électrique. Il y a cinq ou six ans, un soir d'été, j'étais au bord d'un lac avec un ami, on avait un peu bu, et je devais être triste, car on n'écoute pas "Badger" spontanément si on n'a pas le spleen : j'ai mis cette chanson sur mon téléphone portable ; le final m'a évidemment mouillé les yeux.
Trente années ont passé et le son témoigne de son époque ; les chansons, cependant, excellentes dans leur genre, suscitent toujours beaucoup de plaisir. Big Plans For Everybody est un incontournable pour tous ceux qui apprécient la jangle pop. Le dernier opus du groupe, Every Dog Has His Day, aux sonorités plus brutes et habité par une envie de séduire un public plus large, sortira deux ans plus tard, porté par un single éponyme qui ne sera rien de plus qu'un hit mineur sur quelques radios rock américaines. Au tournant de la nouvelle décennie, les groupes de rock alternatif, et ses sous-genres, perceront dans le mainstream ou ne seront plus.
Parfait 17/20 | par Rebecca Carlson |
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