Opeth

Ghost Reveries

Ghost Reveries

 Label :     Roadrunner 
 Sortie :    août 2005 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Parmi les groupes qui ont des velléités de grands compositeurs et qui cherchent à sortir des sempiternels couplets / refrains tellement classiques dans le rock, il m'arrive souvent de penser qu'il y a Opeth, et les autres. Qui aujourd'hui est en mesure de sortir un album pouvant concurrencer ce Ghost Reveries, monolithe sublime de death progressif à nul autre pareil ?
Groupe en constante évolution, Opeth propose ce qui est à l'époque son travail le plus abouti : mélange parfait et subtil de death mélodique et mélancolique, d'influences floydiennes et de rock progressif raffiné et jamais démonstratif, chacune des chansons est un joyau aux mille facettes étincelantes, des écrins pour nos oreilles si souvent malmenées.
Opeth construit ses idées autour d'ossatures musicales oscillant entre sept et dix minutes, à la fois riches mais jamais lourdes, avec une cohérence thématique hors norme compte tenu du nombre de variations contenues.
Si "Ghost Of Perdition" reste typique du style Opeth, le morceau dégage une amplitude et une sérénité qui n'avait pas autant court jusqu'alors. La voix gutturale est paradoxalement douce, et les chants en voix claire se font plus raffinés, plus sensuels. L'auditeur est attablé devant un menu cinq étoiles, l'assemblage des saveurs est parfait, tout est parfaitement proportionné, dosé à sa juste mesure.
L'orgue de "The Baying Of The Hounds", si subtilement mêlé aux guitares, apporte une délicieuse touche rétro, alors que la voix se déchaîne, puissante, sauvage et brute. Et l'on embarque dans cette rêverie, confiant et apaisé. Tant de délicatesse ne saurait induire en erreur, il se passe lors de l'écoute de cet album, un moment rare, un instant de grâce et de félicité.
"Atonement", c'est la main de l'être aimé sortant d'un long coma, serrée contre sa poitrine, une marche au clair de lune le cœur léger car amoureux. Les arpèges sont des songes, floconneux et soyeux, baguenaudant sur un piano abandonné...
Décrire chaque titre est un exercice qui ne rendrait qu'imparfaitement justice au charme si subtil de la musique d'Opeth. Parfums d'Orient, femmes alanguies au feulement de chat, seule la chair passionnée est à même d'entre apercevoir et de comprendre une telle musique. Une passion sans nuages ("Hours Of Wealth"), limpide et pure tel un ruisseau sinuant entre des roches de montagnes et à laquelle une bergère viendrait s'abreuver, les mains en coupe, en une scène pastorale digne d'un Bernardin de Saint-Pierre. Mais la passion se fait aussi ombrageuse ("The Grand Declaration"), orageuse, les éclairs qui déchirent le ciel embrasent et consument tout. Morceau incroyable de technicité inventive et de riffs alambiqués, il s'agit là sans contexte d'un des meilleurs titres qu'ait composé Opeth.
Le final, "Isolation Years", nous permet de renouer doucement avec la réalité des choses. Elles n'en paraissent que plus crasseuses, plus fades et insignifiantes, tant Ghost Reveries nous a emmené loin, nous a ouvert les yeux à des champs de beauté sans limites.
Magie, subtilité, cette œuvre d'Opeth pourrait être couverte de tous les qualificatifs élogieux que la langue met à notre disposition. Mais un seul sentiment compte : la gratitude que l'auditeur ressent après une telle offrande...


Exceptionnel ! !   19/20
par Arno Vice


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