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[Lyon] Grrrnd Zero abandonné sur une aire d'autoroute déserte
 


Posté le 25 août 2011 à 16 h 10m 12s

[b]GRRRND ZERO MENACE D'EXPULSION[/b]

On avait promis une newsletter de milieu d'été haute en couleurs, avec plusieurs centaines de mots d'esprits, des références prestigieuses et désinvoltes, et un certain nombre de révélations chocs. En effet, un peu anesthésiés par l'enchaînement effréné des saisons, on a pas toujours pris le temps de parler de nos évolutions et questionnements.

On s'était dit que cet été 2011 on ferait un peu le point sur notre fonctionnement et les choix que nous avons fait depuis un an ou deux. On va toujours essayer de s'y tenir, mais un certain évènement risque d'assombrir un peu le ton de cette newsletter et de prendre beaucoup de place. On va essayer d'expliquer tout ça en détails. En gros :

[i]1. Depuis fin 2010 on touche une subvention directement.

2. Privés du Rail Théâtre, on se retrouve sans autres alternatives immédiates que d'éparpiller nos dates un peu partout.

3. Et ce sans même être sûr de pouvoir conserver Grrrnd Gerland, menacé d'expulsion depuis cet été.
[/i]

La perspective de Grrrnd Zero à nouveau hors-les-murs n'a jamais été aussi proche.


Donc, le compte à rebours avant la catastrophe :


[b]1. Coussins brodés d'or, jets privés et douche d'argent public :[/b]

Grrrnd Zero a reçu, pour la première fois de son histoire, une subvention de fonctionnement. Depuis la fin du squat originel rue Clément Marot, on a certes bénéficié du soutien de la Ville : bail précaire pour Gerland, c'est-à-dire des trous dans les canalisations mais pas de loyer à payer, et un accès gratuit au Rail Théâtre, qui touchait une subvention pour nous accueillir. Mais une subvention directe, ce n'est pas tout à fait la même histoire, tant en matière d'indépendance que de réglementations à suivre. On a donc beaucoup hésité.

À ce moment-là (hiver 2010), nous faisions face à de nombreuses difficultés : nous venions d'apprendre que nous allions devoir payer les fluides des locaux rue Pré Gaudry, nouveauté par rapport aux années précédentes (notre ancien propriétaire, la SACVL, ne semblait pas s'en soucier), et certains travaux devenaient nécessaires dans ces mêmes locaux. De plus la sono du Rail Théâtre venait de décéder. On a donc fini par accepter cette subvention afin de payer ces factures et dans l'idée de soutenir financièrement les dates GZ au Rail Théâtre, qui supportaient de nouveaux frais du fait de l'absence de sono sur place.

(Parenthèse, nous avons donc changé de propriétaire en juin 2010. C'est maintenant le Grand Lyon qui possède le bâtiment du 40 rue Pré Gaudry. Gardez en tête cette information pour plus tard.)

Ainsi on a reçu une subvention de fonctionnement de 9000 euros du service culturel de Lyon. Nous avons su garder la tête froide, et personne ne s'est enfui avec le magot. Depuis, nous avons demandé et obtenu le renouvellement de cette subvention de fonctionnement pour 2011 (9500 euros cette fois-ci), afin toujours de payer les fluides, continuer les travaux, et peut-être financer un lieu qui serait enfin unique.

[b]
2. Fin du Rail et atomisation des concerts[/b]

Revenons un peu sur notre rupture douloureuse avec le Rail Théâtre. On ne vous racontera les petits secrets de notre relation houleuse que de vive voix. Sachez juste que la convention qui liait la ville, le gérant de la salle et notre joyeux gang d'anges déchus s'est interrompue brutalement. La ville, bien gênée aux entournures n'a pas pu nous proposer de relogement à moyen ni à long terme pour cette activité de concerts.

Faut dire que le Rail, même si c'était pas tout rose, on s'en accommodait bien. Bin ouais, si on y réfléchit, il s'agissait sans doute de la seule salle du Gros Lyon dans laquelle il était possible d'accueillir plus de 500 personnes à nos conditions, entre autres en assumant qu'un public d'adultes est capable d'assurer lui-même sa sécurité. Ce n'est pas rien, à une époque où l'augmentation du nombre de vigiles dans tous les domaines de la vie fait peur et où la multiplication des normes réglementant la stérilisation des espaces publics commence sérieusement à nous enquiquiner.

Nous devrions aujourd'hui nous contenter d'une rallonge de subventions qui nous permettrait de disperser l'organisation de concerts à tout vent dans les salles du coin. C'est triste. En effet Grrrnd Zero existe pour qu'un lieu indéfectible accueille évènements, groupes et assos liés aux cultures fébriles que nous défendons, dans les conditions qui leur sont propres. Il n'est souvent pas possible pour des artistes méconnus, expérimentaux, inhabituels (bon sang que c'est dur de trouver des dénominateurs communs synthétiques) de se produire dans les circuits "classiques".. quand bien même ils auraient envie de s'y produire lorsqu'ils refusent certains codes, financements, discours... Des centaines de personnes utilisent et ont utilisé l'espace dont nous dispos(i)ons. Notre objectif n'est pas de bricoler temporairement dans d'autres salles déjà existantes, ni de se contenter de quelques concerts par saison.

Pourtant c'est ce qui nous menace, de plus en plus.


[b]3. Grrrnd Gerland abandonné sur une aire d'autoroute déserte au milieu de la canicule[/b]

La cerise sur le gâteau, c'est la dédite du Grand Lyon concernant nos locaux de Gerland, reçue au milieu de l'été, qui nous demande de quitter nos locaux de Gerland pour le 31 octobre prochain.

Autrement dit, sauf inversion de la vapeur, on se retrouve bientôt à la rue. Plus de salle, plus de locaux de répétition, plus de bureaux, plus d'ateliers, plus rien.

Au mois de juin, le Grand Lyon nous avait prévenu qu'ils allaient faire visiter le bâtiment par une entreprise d'expertise des risques incendies. Cette visite a eu lieu le 9 juin, du côté du Secours Populaire avec qui on partage le bâtiment et du notre. Nous ne nous sommes pas méfiés, d'autant que la visite s'est bien passée. Il s'agit pourtant d'une tactique banale pour faire expulser des lieux alternatifs.

Finalement le 20 juillet nous recevons un rapport hyper négatif accompagné d'une dédite sans équivoque. Le Grand Lyon dit en substance qu'ils ne sont pas prêt à mettre un seul centime dans l'entretien ou la rénovation du lieu. Généreusement, ils nous laissent quand même un sursis de deux mois et demi.

On a immédiatement contacté le service culturel de la Ville, qui n'était pas au courant de cette décision et parait s'y opposer. Depuis, ils nous proposent une rencontre dans le mois à venir, afin de négocier courtoisement.

Voilà où on est. Notre réaction va donc dépendre de ce que nous allons obtenir dans les prochaines semaines.

Dans l'état, la catastrophe certaine, c'est qu'on va devoir très certainement arrêter toute ouverture au public à Gerland, même si on parvient à conserver le bâtiment pour la création. Les prochains mois, voire tous les autres, vont être bien compliqués. On ne sait pas encore si on va devoir annuler toute la prog, ou si on va trouver des solutions temporaires.

Dans tous les cas, on aura très certainement besoin de soutien dans les semaines à venir.


Bordel, sont-ce là les trompettes du jugement dernier ?




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